Réduction des atteintes vasculaires cérébrales

L’activité physique, un atout préventif pour le cerveau

Publié le 08/06/2011
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Crédit photo : S TOUBON

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UNE INCITATION à l’activité physique peut représenter une stratégie efficace pour réduire la prévalence des infarctus cérébraux silencieux et, ainsi, améliorer l’évolution fonctionnelle à l’échelle individuelle comme à l’échelle d’une population, telle est la conclusion de Willez et coll.

La maladie cérébrovasculaire infraclinique (MCVIC) est plutôt courante chez les sujets âgés. Elle est repérée à l’IRM sur des images d’infarctus cérébraux alors qu’ils sont passés inaperçus cliniquement (infarctus silencieux), et des images d’hyperdensité au niveau de la matière blanche. La maladie cérébrovasculaire infraclinique est assortie d’une morbidité importante : altération de la mobilité, chutes, troubles cognitifs, démence et AVC ischémiques.

Les AVC ischémiques et la MCVIC partagent des facteurs de risque. L’activité physique fait partie des recommandations pour le maintien d’une santé cardiovasculaire. En pratique, 150 minutes hebdomadaires d’activité physique d’intensité modérée ou 75 minutes d’une vigoureuse activité sont prescrites. L’activité physique a été associée à une réduction d’AVC ischémiques dans plusieurs études, dont une importante, nommé NOMAS (Nothern Manhattan Study). Mais il y a eu peu de littérature sur l’association entre l’activité physique et la MCVIC.

« Le propos de notre travail est d’examiner l’association indépendante entre les mesures de l’activité physique et la MCVIC. Nous avons voulu tester l’hypothèse que la quantité totale d’activité physique pourrait être associée à une réduction de la MCVIC, en prenant comme indicateurs de cette maladie, les volumes des infarctus cérébraux silencieux et l’hyperdensité de la substance blanche. »

L’étude NOMAS est une étude prospective de population menée pour travailler sur les facteurs influents (socio-économiques, médicaux, facteurs de risque) des AVC et d’autres maladies vasculaires.

À l’origine, 3 298 participants ont été recrutés entre 1993 et 2001. Parmi eux, 1 238 participants (âge moyen de 70 ans), n’ayant pas eu d’AVC ont été recrutés pour avoir une IRM. Le groupe comportait 60 % de femmes et 43 % des recrues rapportaient n’avoir aucune activité physique.

Les personnes ont été catégorisées en quartiles en fonction de la quantité d’activité physique mesurée selon le score MET. MET est une mesure d’intensité d’activité physique et représente des multiples de l’activité métabolique de repos (référence) comptées sur une semaine. L’intensité est classée entre des MET légers (entre 1 et 5,5, représentant des activités telles que le golf ou le bowling), des MET modérés (5,5 à 8, cyclisme et natation) et des MET d’activité intense (supérieur à 8, raquetball).

Infarctus silencieux.

L’imagerie a montré la présence d’infarctus silencieux chez 197 participants (16 %). L’association a été recherchée en utilisant un modèle ajusté pour tous les paramètres potentiellement confondants, y compris l’insulinorésistance.

Les résultats montrent que, par comparaison entre les personnes qui n’ont aucune activité physique, celles qui sont dans le quartile le plus haut des scores MET ont un risque quasiment réduit de moitié de présenter un infarctus silencieux (odds ratio ajustés de 0,6 : IC 95 % 0.4-0.9). Toutefois, les calculs ne montent pas d’association entre l’activité physique et une réduction de la prévalence de la MCVIC.

« Les infarctus cérébraux infracliniques ou silencieux sont plus graves que leur nom peut le laisser supposer. Ils sont susceptibles d’altérer les fonctions cognitives à terme, le "silence" n’étant que temporaire », indiquent les auteurs.

Des résultats qui sont en accord avec les recommandations actuelles pour la prévention primaire ou secondaire des maladies vasculaires, qui indiquent de pratiquer un niveau d’activité « raisonnablement haut » plutôt que juste une activité de faible niveau.

Ce qui n’exclut pas qu’une activité de faible intensité puisse être protectrice, mais l’étude n’est pas assez puissante pour trouver un bénéfice subtil.

J. Z. Willey et coll. Neurology, 76, 14 juin 2011, p. 2112-2118

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8978