Hommage à Count Basie

Le Count est bon

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Publié le 31/03/2023
Le pianiste et chef d'orchestre William « Count » Basie fait toujours rêver. En témoignent les CD d'un batteur danois et d'anciens compagnons de route .

* Pour le batteur danois Snorre Kirk, l'importance est d'être constant. Et fidèle. Deux termes résumant à merveille son dernier opus, « Top Dog » (Stunt Records). La constance : à travers dix compositions originales, le leader, comme il le fait depuis une bonne dizaine d'années, entretient la flamme d'un jazz toujours ancré dans ses racines, à savoir le swing. Le vrai et l'unique ! Ici celui généré par Count Basie (1904-1984) et son big band durant des décennies, qu'il évoque et invoque avec la complicité de ses compagnons de route. La fidélité : ce magnifique hommage au très respecté chef d'orchestre, pianiste et arrangeur n'aurait pu se faire sans des sidemen habités par l'attachement à ce jazz indémodable.

Si l'on peut saluer les performances sonores et inventives des saxophonistes (ténor & alto) Stephen Riley et Michael Blicher, la pertinence et le souvenir du son Basie sont à mettre au crédit de l'élégant pianiste Magnus Hjort et à la présence du guitariste Mads Kjoelby, émanation de Freddie Green, qui fut durant un demi-siècle le fidèle et immuable rythmicien de Count Basie. Indispensable pour ceux et celles qui aiment encore  véritablement le swing !

* Justement, la machine à swing du meneur d'hommes fut aussi une authentique pépinière à talents, avant et après sa disparition. Terriblement diminué après une crise cardiaque au milieu des années 1970, celui qui était surnommé le Kid of Red Bank avait lâché la bride à certains de ses plus fidèles bras droits. Qui, comme Harry « Sweets » Edison et Joe Newman (trompette), Benny Powell (trombone), Marshall Royal, Buddy Tate et Billy Mitchell (saxes), Nat Pierce (piano), John Heard (contrebasse) et Gus Johnson (batterie), autrement dit le Basie All Stars (sans guitariste !), se sont retrouvés un soir de 1981 à Hambourg pour un enregistrement « Live at Fabrik vol.1 » (Deltan/Socadisc). Avec au menu un répertoire choisi dans une série de standards et de compositions (notamment deux de Neal Hefti) qui firent la réputation des hommes de Basie. Une vraie Dream Team que ces sidemen, qui, s'ils ont leur propre style et pour certains ont marqué des pages glorieuses de l'histoire du jazz, conservent les habitudes acquises dans l'univers de Count Basie, à savoir l'élégance, l'inventivité, la richesse et les échanges ardents de chorus et une grande cohésion musicale.

De très grands messieurs !

Didier Pennequin

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin