Une exposition, un parcours

Le drapé à Lyon, les VIP du Centre Pompidou à Paris

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Publié le 10/02/2020

Dessiner, sculpter, peindre, photographier le drapé, une très riche traversée du temps depuis la Renaissance au musée des Beaux-Arts de Lyon. Une autre manière de regarder le XX e siècle au Centre Pompidou, avec un nouveau parcours dans les collections permanentes, pour découvrir les tableaux VIP ( Very Important Pieces) et le rôle des galeristes dans « l’art vivant ».

Étude de Michel Ange, 1508-1509

Étude de Michel Ange, 1508-1509
Crédit photo : BRITISH MUSEUM

Depuis la Grèce antique, le drapé est présent dans toutes les civilisations. Et si l’exposition « Drapé » (1) du musée des Beaux-Arts de Lyon commence à la Renaissance, c’est que le dessin prend alors son essor. Deux cent cinquante œuvres de Raphaël, Dürer, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Bronzino, Ingres, Fernand Léger Man Ray, Picasso, Ernest Pignon-Ernest, Rodin, Christo en témoignent.

Les études se succèdent à partir du modèle vivant nu et des figurines en bois, cire ou terre, après la pose d’une étoffe pour choisir le mouvement et le pli. Vient alors l’agrandissement au format de l’œuvre finale. Ingres a étudié toutes ses figures nues avant de les draper, tout comme Gustave Moreau (« Salomé dansant devant Hérode »). Picasso aussi, mais lors de la dernière étape, il appose la marque de l’expérience cubiste (« Trois femmes à la fontaine », 1921).

Pour le Pierre de Wissant des Bourgeois de Calais de Rodin, il y a un petit modèle de nu en terre cuite, puis un plâtre, puis un plâtre drapé, puis un nu drapé grandeur nature. Et pour chaque étape photographiée, le sculpteur fait un tirage en fonte ou en bronze. Le processus de création est alors une œuvre en soi.

Quand le drapé se creuse, il dévoile une autre anatomie du modèle et fait parfois même abstraction de son corps et devient autonome. Le drapé ne cache pas le nu, il le révèle et c’est toute la richesse de cette exposition. Il donne le mouvement, le sens, l’émotion. Il est le voile de la Foi, la douleur des pleurants du Duc de Bourgogne, le linceul des migrants de Mathieu Pernot. Les femmes voilées de Zineb Sedira (« Autoportraits ou Vierge Marie », 2000) sont à la fois politiques, culturelles et religieuses. Elles ressemblent aux femmes drapées marocaines du psychiatre Gaëtan Gatian de Clérambault (1872-1934), qui voulait en allant au Maroc écrire une histoire universelle de la draperie. C’est dire ce que le drapé peut révéler !

Le rôle des galeries

Avec « #PompidouVIP » (2), 20 chefs-d’œuvre rythment le parcours des collections permanentes, marquant les étapes majeures de l’art moderne et éclairant les grands mouvements du siècle. Des focus sur 11 galeries françaises montrent leur rôle capital dans « l’art vivant » du XXe siècle par la découverte et le soutien des artistes.

Si le précurseur a été Durand-Ruel avec les impressionnistes, Kahnweiler est le premier marchand du cubisme avec Picasso et Braque. Vollard, marchand de Cézanne, impose les fauves et les premières abstractions. L’Étoile scellée, dirigée par André Breton, expose les surréalistes, Simon Hantaï et l’abstraction gestuelle.

Jeanne Bucher s’attache aux artistes non officiels sous l’Occupation et présentera ensuite les peintres américains. Christian Zervos, avec les « Cahiers d’art », ouvre de nouveaux supports à Kandinsky, Léger, Picasso, Matisse. Daniel Cordier est un des plus grands donateurs du musée. Denise Renée, après Vasarely, devient la référence pour l’abstraction géométrique. Louis Carré revisite les classiques du XXe siècle. Alphonse Chave est associé à Jean Dubuffet, la Galerie de France à l’abstraction gestuelle et Iris Clert aux Nouveaux Réalistes. Une visite qui associe les collections du musée au marché de l’art.

 

 

 

 

 

(1) Jusqu'au 8 mars, mba-lyon.fr

(2) centrepompidou.fr

 

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin