IL FUT lui aussi médecin des Bleus pendant 15 ans. Un observateur. Un confident. Entre 1993 et 2008, le Dr Jean-Pierre Paclet a gravité dans les sphères de la Fédération française de football. D’abord médecin de l’équipe nationale espoirs (moins de 21 ans), il a ensuite accompagné le groupe qui atteignit la finale de la coupe du monde 2006 perdue aux tirs aux buts contre l’Italie.
Dans l’ouvrage qu’il vient de signer, « l’Implosion »*, le Dr Paclet retrace son itinéraire personnel où la médecine a toujours côtoyé le football. Il décrit surtout la détérioration de ses relations avec l’homme qui fit appel à lui dans l’équipe fanion en 2004 : Raymond Domenech. Témoin privilégié de la fracture qui s’installe entre un groupe et son coach, Jean-Pierre Paclet assiste impuissant aux coups de sang de Raymond jusqu’au coup de boule de Zinédine. Son ouvrage décrypte les signes annonciateurs de la lente descente aux enfers de la Fédération et de son équipe nationale. Il relate les à-côtés d’une sélection de stars fortunées.
Certaines situations sont cocasses. Pour éviter les médias et passer une IRM après une douleur ressentie à une cuisse, Zinédine Zidane quitte ses camarades en catimini à l’arrière d’un 4x4 en pleine coupe du monde 2006. Des joueurs cadres de la sélection – Zidane, Barthez, Makelele et Sagnol – se réunissent à l’hôtel avec le toubib après les matches pour griller une cigarette.
Sang de veau.
D’autres souvenirs sont beaucoup plus amers. Quelques jours avant l’Euro 2008, Patrick Vieira, influent milieu de terrain et capitaine de l’équipe de France, souffre à une cuisse d’une lésion sur 5 cm avec saignement. Le diagnostic est sans appel, quatre semaines d’arrêt. En dépit des recommandations de Paclet, Domenech sélectionne Vieira. Il ne jouera pas une seconde de la compétition. Le joueur souhaite à tout prix bénéficier d’une injection d’Actovégin, du sang de veau déprotéiné. Le Dr Paclet refuse de prescrire cette substance, interdite en France. Vieira est rancunier. Il charge le staff médical dans la presse. Paclet encaisse. À l’issue de l’Euro, il est débarqué. Domenech reste en place.
Dans son ouvrage confession, l’ex médecin des Bleus relance également le débat sur les anomalies détectées juste avant la coupe du monde de 1998 dans les analyses sanguines de certains Français. « On peut avoir de forts soupçons quand on connaît les clubs où certains joueurs évoluaient, notamment ceux du championnat d’Italie, écrit le Dr Paclet. Je ne sais pas ce que j’aurais fait à la place de Jean-Marcel Ferret, le médecin de l’époque. Il était face à un cas de conscience. La raison d’État l’a emporté [...] Rien ne dit cependant que si on avait poussé les analyses, on aurait trouvé des preuves ».
* « L’Implosion », Jean-Pierre Paclet, en collaboration avec Thibault Dananger, Éditions Michel Lafon, 206 pages, 16,90 euros.
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