ARTS - À Paris, au Jeu de paume

Le secret de Diane Arbus

Publié le 28/10/2011
Article réservé aux abonnés
1319764278293299_IMG_70142_HR.jpg

1319764278293299_IMG_70142_HR.jpg
Crédit photo : THE ESTATE OF DIANE ARBUS

DIANE ARBUS (New York 1923-1971) est une figure majeure de la photographie du XXsiècle. L’exposition réunit 200 clichés, connus et inédits de ses quinze ans de carrière, en provenance de musées et de collections privées. Un parcours sobre, la photo et son titre, souvent très éclairant, pour découvrir et vivre avec elle l’émotion entre réalité et illusion.

Son œuvre s’articule autour de l’identité, des frontières et de l’étrange dans le quotidien et du quotidien dans d’autres univers, le cirque, le transgenre, le handicap... Pas un cliché ne résiste à une impression de décalage, de discordance ou de grotesque.

C’est après son mariage avec Allan Arbus, à 18 ans, qu’elle prend ses premières photos, des autoportraits de sa grossesse. Ils créent ensemble une agence de photographie de mode, voyagent en Europe et elle suit les cours de Lisette Model, qui lui apprend que « plus on est précis, plus on est général ». Après son divorce en 1959, sa véritable œuvre commence avec son Rolleiflex 6 x 6 (ses fameuses photos carrées), ses collaborations avec « Esquire », « Harper’s Bazaar » puis le « Sunday Times Magazine » et les bourses du Guggenheim en 1963 et 1966 pour son projet sur « Les rites, manières et coutume de l’Amérique ».

Elle poursuit ainsi son travail sur les enfants (« Nouveau-né », qui a l’air déjà si âgé, « Champions d’un concours de danse », comme des mini-adultes, à rapprocher d’un « Lilliputien russe » ou de l’« Enfant avec une grenade en plastique dans Central Park, New York »), les jumeaux (célèbres « Jumelles identiques » et en fait si différentes), les nudistes souvent aux corps difformes, les couples si bizarrement appariés, les forains, les travestis (« Jeune homme en bigoudis chez lui », mi homme-mi femme), les marginaux (« Femme avec son bébé singe »), les portraits de célébrités (Mae West).

En 1968, elle suit un médecin de campagne avec ses patients, va dans les résidences pour personnes âgées et handicapés mentaux, où elle photographie le pique-nique de la fête annuelle. Toujours à la marge, poussant son travail vers des limites extrêmes, en quête de photographier ce que « personne ne verrait si je ne les photographiais pas », c’est dans sa coopérative d’artistes de Greenwich Village qu’elle se suicide en 1971 à 48 ans.

Jeu de Paume (place de la Concorde, tél. 01.47.03.12.50, www.jeudepaume.org), le mardi de 12 à 21 heures, du mercredi au vendredi de 12 à 19 heures, les samedi et dimanche de 10 à 19 heures. Jusqu’au 5 février 2012

CAROLINE CHAINE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9034