AUTO - Peugeot 208

Les germes du renouveau

Publié le 04/04/2012
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EN 1983, LA 205 a sauvé Peugeot d’une faillite annoncée. Près de trente ans plus tard, la 208 porte plus modestement en elle les germes du renouveau. Les temps sont durs pour la marque bicentenaire. L’implication de General Motors dans le capital de PSA – à hauteur de 7 % – conjuguée à l’arrêt du programme d’endurance montre qu’il y a urgence à replacer le curseur de la profitabilité vers le haut.

La 208 arrive à point nommé pour corriger le tir. Mais le défi à relever est immense. Dans le segment des compactes, on se bouscule au portillon de la gloire. En 2001, elles étaient 16 sur la ligne de départ en Europe. Dix ans plus tard, on en recense 27. La Clio IV lancée à l’automne va être confrontée au même challenge.

« La 208 est un projet de rupture, elle incarne le renouveau de Peugeot », martèle-t-on en haut lieu. La solennité du discours traduit une forme d’angoisse teintée d’espoir. Stylistes et ingénieurs ont mis tout leur savoir-faire dans la balance afin d’offrir un produit attractif et compétitif en prix. Mais en leur for intérieur, ils savent qu’en bout de course, c’est le client qui est décisionnaire.

Il a adoré la 205 et la 206, un peu moins la 207, trop ostentatoire et trop masculine. Mais les résultats sont là. En additionnant les chiffres de vente des trois générations, on arrive au total respectable de 15 millions d’exemplaires. Un vrai pactole pour Peugeot, qui compte bien prolonger l’embellie avec la 208 et reprendre le fauteuil de leader des compactes en Europe.

L’enjeu commercial est donc colossal. Et sur la foi de l’essai effectué sur les routes sinueuses et les autoroutes portugaises, on peut dire sans risque de se tromper que la 208 mérite de partager le surnom de « sacré numéro » avec la 205.

Quelle que soit la motorisation, la 208 affiche une sûreté et une agilité à toute épreuve avec le concours de la direction électrique excellemment paramétrée. Le fait est d’autant plus étonnant que la 208 dispose de la même plate-forme que la 207. Économie oblige. La grande différence touche à l’amortissement nettement plus souple. Ce moelleux incomparable met en exergue le confort rehaussé par des sièges enveloppants (niveau 2). Dommage que les Diesel ronflent un peu trop et que les rapports de boîte ne soient pas adaptés à une conduite dynamique. À part ces quelques menus défauts, la 208 mérite le prix d’excellence.

Ce jugement vaut autant pour le comportement routier que pour la conception et le traitement de l’habitacle. À l’exception de la partie supérieure de la planche de bord recouverte d’un plastique dur, les matériaux, les cerclages de cadrans, les surpiqûres qui agrémentent le faux cuir (pack Urban Vintage) respirent le bon goût.

Mais ce qui va certainement faire débat, c’est la planche de bord. Peugeot l’a voulue moderne, intuitive et interactive. Jusque-là, rien de répréhensible. Sauf que pour lire les informations contenues dans la partie faisant face au conducteur, un réglage fin, en hauteur et en profondeur, du siège et du volant s’impose. Sans ces précautions d’usage, la jante du volant occulte partiellement les cadrans !

Pour les gens de petite taille, cela peut poser problème. Surtout s’ils optent pour les versions de rang 1 (Access), dépourvues de l’écran tactile multifonctions incluant la radio, le Bluetooth, la prise jack et USB, sans oublier la navigation et les différentes applications disponibles en haut de gamme.

Férue de technologie, la 208 n’oublie pas les fondamentaux. À empattement égal, elle offre ainsi 5 cm de plus que la 207 aux places arrière et 15 l supplémentaires au niveau du coffre alors que sa longueur a été réduite de 7 cm. Un miracle rendu possible par la réduction des portes à faux.

La 208 donne le sentiment d’être plus courte, moins balourde que la 207. Et ce n’est pas dû à un effet d’optique, 110 kg séparent les deux modèles. Ce gain de poids considérable ajouté à la présence du stop/start a d’heureuses répercussions sur les consommations et les rejets polluants.

Au plan du style pur, la 208 reprend à son compte certains thèmes développés sur le concept SR1. Au premier abord, le mélange des rondeurs et des zones plus « creusées » est déroutant. Mais après avoir passé quelques heures à son bord, on en conclut qu’elle est tout à fait fréquentable. N’est-ce pas là l’essentiel ?

JACQUES FRENE
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9110