Noren, Maupassant, Molière, à Paris et en tournée

Un printemps des valeurs sûres

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Publié le 14/04/2023
Un « Dom Juan » qui appelle la discussion, un « Avare » d’apparence classique, deux spectacles en tournée, et, à Paris, « Maupassant, Octave et moi », original et savoureux.
« L'Avare »

« L'Avare »
Crédit photo : JULIETTE PARISOT

* Il y a deux semaines, nous avons consacré un article à la guerre, en reliant plusieurs spectacles. Ne figurait pas « Guerre » de Lars Noren, mis en scène par Christian Benedetti, car nous n’avions pas encore vu ce travail. Or, il est remarquable. Âpre comme la pensée et l’écriture du Suédois (1944-2021), rigoureux comme l’est ce metteur en scène, bouleversant comme le sont les interprètes. Ne ratez pas ce spectacle, dont on ne peut imaginer qu’il ne soit pas repris. (Théâtre-Studio d’Alfortville, jusqu’au 29 avril)

* Douce, tendre, souriante est la proposition de Sylvie Blotnikas. Sous le titre « Maupassant, Octave et moi », elle met en lumière des nouvelles peu connues du maître. Si la situation est pleine de charme, on n’élude pas, ici, la férocité de certains récits, tel « Mon oncle Jules ». Interprété par Sylvie Blotnikas et son partenaire idéal Julien Rochefort, ce spectacle est drôle et touchant. (Poche-Montparnasse)

* Et puis voici donc Molière. La saison dernière, au prétexte d’un anniversaire, de nouvelles mises en scène de ses grands chefs-d’œuvre ont vu le jour. Dont deux manières de mettre en lumière « Dom Juan » et « L’Avare ». Directeur du Théâtre du Nord et de l’école qui y est associée, David Bobée est un artiste très original. Sans adhérer complètement à ce qu’il dit pour expliquer son « Dom Juan », et que la scénographie expose en statues déboulonnées, on ne peut qu’être frappé par la puissance de ce travail. Les comédiens sont sensibles et vifs. Mais c’est surtout le couple Dom Juan-Sganarelle qui marque. Le très fin Radouan Leflahi est ici un vrai scélérat. Face à lui un formidable valet, Shade Hardy Garvey Moungondo, qui célèbre le théâtre plutôt que le tabac, et donne au personnage une force radieuse. (En tournée jusqu’en juin et la saison prochaine)

* Jérôme Deschamps quitte à peine les représentations fastueuses du « Bourgeois Gentilhomme », avec Marc Minkowski, qu’il nous offre une version très intéressante de « l’Avare ». Dans un décor simple, coloré, beau de Félix Deschamps Mak, des costumes harmonieux de Macha Makeïeff, le metteur en scène et interprète d’Harpagon, après Monsieur Jourdain, choisit une simplicité apparente qui donne aux mots de Molière tout leur pouvoir. Dans un classique petit costume noir, l’odieux personnage parvient à nous émouvoir. L’humain passionne Deschamps et lui est un grand comédien classique. Auprès de lui, les grands de la compagnie d’autrefois, Yves Robin, Hervé Lassïnce, l’immense Lorella Cravotta, qui offre à Frosine son autorité et sa malice, et de grands nouveaux, tel Stanislas Roquette. Une troupe talentueuse. (En tournée, avec du 23 juin au 19 août, les Fêtes du Château de Grignan)

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin