Le Mondial de l'automobile, du 4 au 14 octobre

Un salon en pleine mutation

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Publié le 05/10/2018
Auto4-Peugeot 508 SW

Auto4-Peugeot 508 SW

Auto3-C5 Aircross

Auto3-C5 Aircross

Auto-Renault Kadjar planche de bord

Auto-Renault Kadjar planche de bord
Crédit photo : Toute utilisation de l'image san

Auto2- DS7 Crossback E-Tense

Auto2- DS7 Crossback E-Tense
Crédit photo : LAURENT NIVALLE

Auto6-Renault Kadjar 2018

Auto6-Renault Kadjar 2018
Crédit photo : Toute utilisation de l'image san

Auto5-Peugeot e-Legend

Auto5-Peugeot e-Legend

Auto1-DS3 Crossback

Auto1-DS3 Crossback
Crédit photo : PHOTOS DR

Il y a encore dix ans, les constructeurs se bousculaient à la Porte de Versailles. Mais douchés par les tarifs pratiqués et parfois vexés d’être relégués au fond de la classe dans des halls improbables, ils se sont rebellés. Cette année, quatorze d’entre eux, parmi lesquels Volkswagen, Fiat, Alfa, Opel, Ford, Volvo, Mazda, Mitsubishi, ont décidé de boycotter le Mondial. Francfort, et, à un degré moindre, Genève, sont confrontés au même problème et se demandent comment mettre un frein à cette bouderie collective, que d’aucuns assimilent à une jacquerie.

Le Mondial n’est plus un passage obligé

Exit donc les stands gigantesques, la course à la notoriété, les grandes messes médiatiques. La crise de 2008, l’opprobre jeté en permanence sur l’automobile, le dieselgate, les restrictions de circulation dans les grandes villes, l’augmentation du prix des carburants et des péages, le durcissement du malus annoncé pour le 1er janvier ont de quoi donner des cauchemars aux visiteurs et aux grands groupes.

De l’argent, les constructeurs en ont toujours, même s’ils se plaignent parfois d’en manquer. Mais ils l’utilisent différemment, procédant à des arbitrages. Le coût d’un salon est devenu prohibitif et ses retombées jugées aléatoires. Ford et Volvo ont été les premiers à sonner le tocsin et à rebrousser chemin. Leur initiative a fait tache d’huile. Hélas.

Comme le fait remarquer Yves Pasquier-Desvignes, le président de Volvo France, l’argent n’est pas le seul élément incriminé : « Nous ne participons à un salon que si nous avons quelque chose à montrer. Ce que nous ne dépensons pas dans une exposition, nous le dépensons en sponsoring ou dans des événements périphériques qui nous semblent opportuns. Les salons ne sont plus des passages obligés pas plus que des sanctuaires. La preuve en est, nous ne serons pas à Genève en mars prochain. Les organisateurs doivent prendre en compte les évolutions liées à l’automobile, par exemple aborder les thèmes du covoiturage, de la connectivité, des services. S’ils se contentent de montrer des voitures ils ne survivront pas. »

Une autre manière de consommer la voiture

Les chiffres sont têtus. En 2004, le Mondial de Paris a accueilli plus de 1,4 million de visiteurs. Avant de décliner inexorablement : 1 253 513 entrées en 2014, 1 072 697 en 2016. À l’heure où le salon s’apprête à fêter ses 120 ans (la première édition a eu lieu en 1898 dans le jardin des Tuileries), le Commissaire général Jean-Claude Girot s’est vu confier la délicate tâche de rénover l’édifice.

Pour combler le vide laissé par les récalcitrants, le Mondial accueille la moto, mais aussi et surtout les services de mobilité et les entreprises technologiques. L’époque où l’on venait commander sa voiture ou admirer les belles carrosseries tout en jetant un œil admiratif sur les hôtesses courtement vêtues est révolue. L’acheteur s’est émancipé. Il en veut toujours plus. Il est averti, avide de technologie, intransigeant sur la qualité, soucieux de préserver la nature. Il consomme la voiture autrement.

Confrontée aux exigences du client et à celles des pouvoirs publics, imprévisibles et drastiques, l'automobile est au pied du mur. On nous prédit qu’elle sera électrique, autonome, connectée et partagée. Dont acte. C’est oublier que l’acheteur n’est pas un mouton. Et qu’il reste le seul décideur. Certaines études montrent notamment que la voiture autonome ne figure pas au centre de ses préoccupations, qu’il n’est pas hostile à l’électrique mais demande à voir. Finalement, il résiste plutôt bien au bourrage de crâne dont il est fréquemment victime.

Citroën et DS frappent fort

À Paris, les constructeurs nationaux montrent en tout cas qu’ils ne se laissent pas gagner par la sinistrose. En particulier DS, qui présente deux nouveautés : un SUV compact au style décapant, la DS3 Crossback, flanquée de sa déclinaison 100 % électrique, et la DS7 Crossback E-Tense hybride 4X4 (300 ch, autonomie 50 km). Une parente éloignée du Citroën C5 Aircross, axé sur le confort, frère d’armes du Peugeot 3008. Avec le ludospace Berlingo, la marque au double chevron affiche un bel appétit.

Peugeot enrichit sa gamme 508 par une version SW plus familiale, avec à ses côtés le ludospace Rifter (ex-Partner, appellation réservée à l’utilitaire). La firme de Sochaux expose en outre un superbe concept-car baptisé e-Legend Concept, électrique et 100 % autonome, dont les traits rappellent ceux de l’élégant coupé 504, et conclut par une gamme de moteurs essence plug-in et hybrid 4, programmés sur 3008 et 508 dans un an.

Renault, dont on attendait monts et merveilles, se contente de présenter un Kadjar virilisé, complètement remanié à l’intérieur, équipé du nouveau moteur 1,3 l 4 cylindres essence 140 ou 160 ch, ou 1,5 l et 1,7 l 4 cylindres 115 et 150 ch. La cinquième génération de Clio et la Twingo restylée, un moment espérées, patienteront jusqu’au printemps, à Genève.

Quant aux étrangers, ils misent tous sur l’électrique et l’hybride rechargeable, notamment Toyota, Honda, Audi et Porsche. Le contraire eut été étonnant.

 

 

 

 

Du 4 au 14 octobre, Porte de Versailles, de 10 à 20 heures (nocturnes jusqu'à 22 heures les 4, 5, 6, 10, 11 et 12 octobre). www.mondial-paris.com

Jacques Fréné

Source : Le Quotidien du médecin: 9690