ARTS - À Paris, Van Dongen

Une personnalité folle

Publié le 01/04/2011
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Crédit photo : ADAGP

VAN DONGEN est mort à 91 ans. Sa carrière fut riche, sa création prolixe. Pourtant, le musée d’Art moderne se cantonne à ne dévoiler qu’une partie de la production du peintre hollandais, depuis la fin du XIXe jusqu’au début des années 1930. Le parcours n’en est pas moins passionnant. La sélection d’œuvres, resserrée, permet une meilleure compréhension de cette première période de l’artiste.

Composée d’une centaine de peintures, de dessins et d’un ensemble de céramiques, l’exposition évoque d’abord les jeunes années à Rotterdam et les premières toiles réalisées en Hollande, de facture néo-impressionniste, puis les séjours en Espagne, au Maroc et en Égypte, les lendemains de la Première Guerre, le voyage à Venise au début des années 1920. C’est surtout la vie parisienne qui est mise en avant, lorsque, au XXe siècle naissant, le peintre, plongé dans la bohème de Montmartre et de Montparnasse, donne vie à des toiles enthousiasmantes, dans lesquelles la couleur règne en maîtresse. Aux alentours de la Première Guerre mondiale, Van Dongen se plaît à représenter des femmes, dans une sensualité souvent sauvage, proche de l’érotisme. « Je vous dis que les sexes sont des organes aussi amusants que les cerveaux », répond-il à ses ennemis qui lui reprochent son audace ! Plus tard, dans les « années folles », Van Dongen retrouvera la verve que la capitale inspire à son pinceau. Ce sera la « période cocktail », comme il l’appelle lui-même, où se côtoieront sur les toiles les stars du cinéma, les grands écrivains, les acteurs, prenant la pose, souvent outrageusement fardés, brillants de mille atours (Yves Mirande, Anna de Noailles)…

Tous les langages.

Fauve expressionniste, Van Dongen accorde une place souveraine à la couleur. Il utilise des tonalités chatoyantes, tantôt vives, intenses et violentes, tantôt subtilement retenues et atténuées. Chaque toile porte la marque de l’harmonie, de la douceur de vivre et de la gaîté, comme dans ces somptueuses représentations de l’Orient. À plusieurs reprises, son trait devient au contraire impétueux, son coup de pinceau stylisé et dansant, pétillant comme une coupe de champagne.

Van Dongen était ouvert à tous les langages, en toute indépendance. C’est ce qui fait la richesse et la variété de son art, un art dans lequel tout respire la liberté, l’ardeur, l’extravagance, même dans ses portraits mondains, qui ne sont jamais compassés, malgré parfois l’austérité de leurs sujets. Les yeux de Van Dongen, enflammés de contrastes fulgurants, sont affranchis de toutes contraintes.

« Van Dongen - Fauve, anarchiste et mondain », musée d’Art moderne de la Ville de Paris. 11, avenue du Président Wilson, 16e, tél. 01.53.67.40 00. Tlj sauf lundi, de 10 à 18 heures (fermeture des caisses à 17 h 15) ; jeudi jusqu’à 22 heures (fermeture des caisses à 21 h 15). Jusqu’au 17 juillet. Catalogue, Éditions Paris Musées, 240 pages, 38 euros.

DAPHNÉ TESSON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8936