Éditorial

Des fiertés et des regrets

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Publié le 29/09/2023
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« Il connaît la maison, c’est déjà ça de gagné », « Aura-t-il les moyens de réformer le système en profondeur ? », « On jugera quand il aura fait »… Les avis de nos lecteurs étaient mitigés au moment de la nomination à Ségur de leur confrère urgentiste, à l’été 2022. Finalement, François Braun aura passé un an à la tête du ministère de la Santé et de la Prévention, avant d’être remplacé en juillet par Aurélien Rousseau. Celui qui, dans nos colonnes, estimait pouvoir « mettre la marche avant » n’en aura pas eu le temps. Quelques semaines après avoir été débarqué du gouvernement, il a accordé un entretien exclusif au Quotidien, dans lequel il revient sur ses fiertés, ses regrets et les contraintes de l’exercice. Un témoignage rare et sincère qui en dit long sur les difficultés de ce poste à la tête du « ministère des crises ». 

Parmi ses satisfactions, l’extension aux enfants à partir de 6 ans de l’autorisation de Kaftrio contre la mucoviscidose. « C’est mon corps de métier : sauver des vies », assure-t-il. Et même si c'est son successeur qui en tire les dividendes, il se réjouit de la pérennisation des mesures de revalorisation des gardes et de la généralisation – en cours – du service d’accès aux soins (SAS).

Mais son année à Ségur fut aussi marquée par l'extrême difficulté à faire avancer les choses et à traduire ses promesses en actes. Accusé de ne pas avoir assez pesé face à Bercy, François Braun déplore que « les choses ne soient pas allées plus vite » pour combattre le mal-être des soignants. Le point d’achoppement principal aura été la convention médicale, dont l’échec des négociations a conduit à un règlement arbitral a minima. Pourtant, François Braun confie que « ça ne posait de problème pour personne que le C soit à 30 euros », à condition que ce soit « gagnant-gagnant ». D'où le fameux contrat d'engagement territorial, qu'il assume totalement. Le message, qui a braqué la profession contre le projet de convention, n'est pas passé. 

Aujourd’hui, le nouveau ministre – comme le directeur de la Cnam dans notre numéro du 22 septembre – donne des signes clairs d’ouverture sur la consultation à 30 euros. La grève du 13 octobre, qui fédère tous les syndicats et le collectif Médecins pour demain, témoigne de la colère, voire de l’exaspération des praticiens. Le changement de ministre permettra-t-il de donner un nouveau souffle ?


Source : Le Quotidien du médecin