Courrier des lecteurs

Un mirage repoussé au-delà de l’horizon

Publié le 19/04/2024
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Les négociations conventionnelles avaient échoué et abouti à un règlement arbitral qui ne convenait pas aux médecins et à leurs syndicats.

« On ne peut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre », disait Einstein. Ce sont en effet toujours les mêmes acteurs qui sont à la manœuvre depuis plus de 20 ans. Le Président Emmanuel Macron a repris ces équipes. Il pense sans doute que la loi Ma santé 2022 et le Ségur ont tout réglé. Il se trompe.

Son souhait de payer les médecins « au patient plutôt qu’à l’acte », c’est-à-dire par capitation, en fonction du nombre de patients pris en charge n’est pas réaliste. Ce serait la fin de la médecine libérale mais c’est peut-être ce qu’il souhaite en voulant tout détruire pour reconstruire.

Que fera la nouvelle ministre de la Santé et du Travail face à la volonté de Bercy d'économiser 10 milliards d’euros ? Lors des négociations conventionnelles de 2024 toujours en cours, le nouveau ministère de la Santé lâchera-t-il du lest ?

La tarification : un mirage aux alouettes.

Aux tarifs actuels l’équilibre financier d’un cabinet médical sans travailler plus de 50 heures par semaine n’est plus possible. Les jeunes médecins ne le veulent pas. Beaucoup choisissent le salariat ou des spécialités moins contraignantes.

Augmenter la consultation d’1,50 euros était une provocation : « – Combien vous dois-je Docteur ? – 26,50 € – Gardez la monnaie ! Dans quels délais allez-vous passer à 30 € ? » Ce tarif n’est pas attractif. Quant à la tarification des consultations longues à 60 euros c’est une cerise mais sans le gâteau.

Les centres de santé ont démontré que le forfait par capitation est une mauvaise solution. Cela augmenterait les listes d’attente car un médecin salarié n’a pas la même efficience qu’un libéral d’autant que son temps administratif l’éloigne des soins.

Nombre de députés poussent vers une médecine à deux vitesses avec les contraintes qui s’amoncellent. Imposer un préavis de six mois pour poser leurs vacances et exiger la solidarité pour la permanence des soins. C’est prendre les médecins pour des agents de l’État ce qu’ils ne sont pas. On risque sans bruits que les médecins en fin d’activité ferment leurs cabinets sans successeur.

Thomas Fatôme, directeur de la Cnam, avait souligné que l'accord qui sera conclu ne peut pas être que « tarifaire… Il faudra trouver un accord ambitieux sur l’accès aux soins, la pertinence et la qualité des actes, et la transformation des modes de rémunération ». C'est ce qui « justifiera un investissement financier important de la part de l’Assurance-maladie », avait-il ajouté. En clair, « il y aura un accord sur tout, ou il n’y aura d’accord sur rien », affirmait-il. Quelle sera sa marge de manœuvre avec la crise financière et les déficits ? Il annonce une assiette de 700 millions d’augmentations mais elle sera conditionnée par certains engagements contraignants. Les complémentaires ont anticipé ces décisions en prévoyant une augmentation générale de plus de 8 %

Quand c’est flou, « y a un loup » ! Près de 5 000 médecins libéraux ont déjà signé une lettre d'intention de se déconventionner.

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Dr Bernard Kron Membre de l'Académie nationale de chirurgie

Source : Le Quotidien du Médecin