Une nouvelle liaison aérienne très attendue...

Publié le 17/02/2023
Article réservé aux abonnés

Un avion est affecté depuis Dijon à destination de Nevers avec à son bord quelques praticiens. Une nouvelle donne qui a pour but de donner les moyens à l’hôpital de Nevers de fonctionner de manière correcte.

Les différents politiques, mais également certains acteurs en charge de la santé de la Nièvre (cas du président de l’Ordre départemental) ont expliqué que cette disposition avait certes un coût (environ 5 600 € par navette aérienne), mais les économies engendrées étaient conséquentes.

En effet de cette manière on a la possibilité de déplacer des PH volontaires du CHU de Dijon, cela évitant des surcoûts parfois énormes du fait des exigences financières des vacataires nécessaires pour le fonctionnement optimal du CH de Nevers.

D’autre part cette solution évite également des transferts de patients en ambulance vers le CHU de Dijon, ce qui est très onéreux pour les caisses d’Assurance-maladie du fait de la distance.

Quelques bémols suite à une action médiatique qui va exacerber l’ego des politiques

Les politiques (maire, préfet….) se sont quelque peu glorifiés de « cette grande avancée », et n’ont pas hésité à se montrer sur différentes chaines de télé, ou certains ont écrit des manifestes qui glorifiaient leur geste.

Ils ont pu en permettant ce pont aérien éviter une catastrophe sanitaire, et lutter pour faire reculer les déserts médicaux ; un acte humaniste qui ne peut qu’être grandement loué. Ce qui est très surprenant, mis à part le président de l’Ordre des médecins, aucun journaliste n’est allé interroger les professionnels de santé de Nevers et de ses alentours pour demander leur avis.

En ce qui concerne le recours au transport aérien il m’apparaît difficile d’opter pour ce choix, car nous ne devons pas l’oublier les militants écologistes veulent privilégier le train qui est un mode de déplacement plus respectueux de la planète.

A ce titre il est acté par différents acteurs du gouvernement que les liaisons aériennes de courte distance doivent être supprimées.

D’autre part il ne faut pas oublier que certains praticiens (j’en suis) travaillent en tant que vacataires pour un salaire pas aussi mirobolant que celui que nous essayons de nous faire croire. Ces professionnels (ils ne sont pas rares) pour permettre aux CH de fonctionner n’hésitent pas à faire un trajet de plus d’une heure en voiture (on n’affrète pas pour eux un hélicoptère), cela sans que ce déplacement soit décompté sur le temps de travail, et n’est pas rémunéré.

Je ne vais pas dire que nous sommes des héros, mais j’ai de grosses difficultés à comprendre les raisons qui poussent les politiques à choisir l’avion pour aller de Dijon à Nevers, cela alors qu’il existe des liaisons régulières en train, et que les médecins peuvent accepter de perdre une heure de plus pour éviter un choix peu rationnel !

Les principaux responsables de cette pénurie de professionnels de santé, ce ne sont pas les soignants, mais les politiques qui ont voulu faire des économies et ont oublié un facteur important dans leur action : se déplacer sur le terrain pour mieux appréhender les aléas du système de santé.

 

Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans « Le Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à aurelie.dureuil@gpsante.fr .

Médecin généraliste Banyuls-sur-mer (66)

Dr Pierre Frances  

Source : Le Quotidien du médecin