La polémique soulevée par le Dr Cabrera et les réactions en chaîne révèlent le climat délétère dans la profession. Chacun accuse l’autre, et les gouvernements se frottent les mains. Le Dr Cabrera a tort d’accuser la profession, pas seule responsable des problèmes, même si elle peine à s’adapter aux demandes de soins actuelles et au vieillissement de la population.
La réaction du Dr Lehmann est symptomatique : ainsi, la réforme du médecin référent a été le Saint-Graal qui aurait sauvé la médecine générale ? Je n’ai jamais compris ce paradoxe chez les amis UFML-FMF du Dr Lehmann : comment peut-on se plaindre – souvent à raison – du tiers payant et de la mainmise des tutelles sur nos prescriptions, et en même temps soutenir le bras armé de l’étatisation du système de soins, qui a justement mis en avant les forfaits et le tiers payant ?
D’accord, le médecin référent, c’était 40 000 euros par an pour les généralistes ; avec les forfaits actuels on est à 25 000 euros environ. Une perte nette, à mettre au débit des négociateurs syndicaux de l’époque. Cependant, la profession s’est-elle réformée avec ces 40 000 euros ? Les médecins référents ont-ils salarié des infirmières cliniciennes, changé de locaux, commencé à travailler en coordination réelle avec les équipes médico-sociales et paramédicales ?
Suffit-il de payer un médecin en secteur II 90 euros pour qu’il consacre 30-40 minutes à un patient ? Chaque généraliste rêverait de toute façon de voir moins de patients pour passer plus de temps avec chacun. Mais que fait-on pour les urgences ressenties ? Sans des règles contraignantes, peu probable que la profession s’organise. Très astreignant, le règlement des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) leur permet l'accomplissement d'actions utiles.
Chaque spécialité doit définir son rôle dans le système de soins.
Un généraliste doit être un chef d’équipe. Accueillir un nombre élevé de « passages » en déléguant les simples aux internes ou infirmières cliniciennes. Il doit consacrer son temps médical aux patients complexes. D'où l'impératif de revaloriser cette profession : par des forfaits structure, une hausse très nette de l’acte ou la possibilité de dépassements encadrés dans l’OPTAM. De même, plus de cardiologues et radiologues sont requis en ville pour éviter des passages aux urgences.
Qui doit piloter tout ça ? L’ARS ? Des médecins à la retraite donneurs de leçons ? Des politiques ? La gouvernance est notre point faible ; nous sommes trop divisés au niveau syndical, l’Ordre empiète sur de nombreux sujets, la faculté veut avoir son mot à dire, sans compter les fédérations autonomes qui se multiplient… Je dis cela à regret, car autour d’une table les médecins savent s’unir, je le vois très bien aux URPS où sur quasiment tous les sujets, les syndicats s’entendent très bien.
Un seul syndicat nous rendrait plus forts : les discussions se feraient en interne, à la faveur de notre capacité de mobilisation. Unissons-nous.
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