En France comme dans le reste de l'Europe et de l'Asie centrale, la pénurie de médecins et de professionnels du secteur de la santé plane comme une menace.
« Tous les pays de la région européenne de l'OMS sont actuellement confrontés à de graves problèmes liés au personnel de santé et de soins », révèle ainsi un rapport de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié le 14 septembre.
Des écarts considérables
Et même si les pays d'Europe et d'Asie centrale sont ceux « qui comptent en moyenne le plus haut pourcentage de médecins, d’infirmiers/-ères et de sages-femmes par rapport aux autres régions de l’OMS », ils sont quand même confrontés à des « pénuries et à des carences considérables, avec des variations sous-régionales importantes », soutient l'OMS.
En 2020, au Tadjikistan par exemple, la densité médicale s'élève ainsi à 17,3 médecins pour 10 000 habitants tandis qu'à Monaco celle-ci s'élève à 88,7 médecins pour 10 000 habitants.
La France, dont la densité médicale atteint 34 médecins pour 10 000 habitants, se situe en dessous de la moyenne des 53 pays membres (37/10 000 habitants).
Vieillissement des personnels de santé
Et le vieillissement des professionnels du secteur de la santé, notamment des médecins, risque d'aggraver le problème dans les prochaines années, alerte l'OMS dans son rapport.
« Le vieillissement des personnels du secteur de la santé et des soins était un problème grave avant la pandémie de Covid-19, mais il est encore plus préoccupant aujourd’hui, car l’épuisement professionnel et les facteurs démographiques contribuent à une diminution constante des effectifs ».
D'après les données exploitées dans le rapport, 40 % des personnels de santé sont proches de la retraite (55 ans et plus) dans un tiers des pays d'Europe et d'Asie centrale.
En ce qui concerne la densité de médecins, la France figure parmi les dix pays où les médecins sont les plus âgés, se classant au 8e rang sur les 53 pays membres de la région européenne de l'OMS.
Près de 45 % des médecins français ont ainsi plus de 55 ans et sont donc proches de l'âge de la retraite.
Récemment, une étude de la Drees a montré que l'âge moyen des généralistes s'établissait à 50, 8 ans en 2022.
Dix actions à mettre en place pour répondre aux besoins de santé
« Toutes ces menaces représentent une bombe à retardement qui, si on n’y prend garde, risque d’entraîner de lourdes conséquences pour la santé partout, des temps d’attente importants avant traitement, beaucoup de décès évitables, voire un effondrement des systèmes de santé », avertit le Docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
Dans son rapport, l'organisation mondiale identifie ainsi dix actions prioritaires pour répondre aux besoins de santé actuels et futurs.
Pour renforcer les ressources humaines dans le secteur de la santé, l'organisation recommande notamment de « mettre l'enseignement en phase avec les besoins de la population et les impératifs des services de santé », « de renforcer le perfectionnement professionnel pour doter les travailleurs de nouvelles connaissances et compétences » ou « d'élaborer des stratégies pour recruter et maintenir en poste les travailleurs de la santé dans les zones rurales et éloignées ».
Le recours « aux outils numériques » est également sollicité par l'organisation qui préconise par ailleurs « d'instaurer des conditions de travail propices à un équilibre sain entre travail et vie privée » pour « préserver la santé et le bien-être mental des travailleurs ».
Enfin, l'OMS exhorte les pouvoirs publics à agir dès maintenant pour « former, recruter et maintenir en poste la prochaine génération de travailleurs de la santé et des soins ».
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