Alors que la transformation numérique du système de santé s'accélère, l’Association « 100 000 médecins » – qui regroupe les syndicats CSMF, FMF, SML, Le Bloc, MG France, Jeunes Médecins, SNJMG, Avenir Spé et l’UFML – vient de lancer ce qui se veut le « premier site d’entraide confraternelle » destiné à l’évaluation pratique des outils digitaux des praticiens libéraux.
Intitulé 100000médecins.org, l'objectif affiché de ce portail est que les médecins s'approprient le mieux possible cette révolution numérique en bénéficiant d'outils et logiciels adaptés à leur pratique quotidienne et ergonomiques. Par exemple, chaque médecin libéral peut attribuer une note aux différentes facettes de ses logiciels et partager son expérience avec ses confrères. Le site propose également, pour chaque logiciel médical, une « notre globale » reflétant les avis colligés.
L'ambition est triple : aider la profession à faire les bons choix d'outils numériques, promouvoir des solutions jugées « bien conçues, respectueuses des bonnes pratiques et pérennes » et si possible… orienter les éditeurs de logiciels médicaux vers les objectifs des médecins (et non l'inverse).
Logiques divergentes ?
De fait, un hiatus croissant existe entre les attentes des tutelles et les besoins réels des praticiens libéraux. Certes, une enveloppe de 100 millions d’euros (sur les deux milliards du Ségur du numérique) a été accordée aux éditeurs de logiciels afin que les médecins puissent avant tout « renseigner plus aisément le DMP nouvellement ouvert pour tous les Français sous la forme d’un espace numérique de santé et mieux communiquer entre acteurs de santé », rappelle l'association intersyndicale. Mais si ces fonctionnalités ont bien été implémentées, un nombre croissant de praticiens se plaignent de subir des outils numériques inadaptés à leur pratique, peu ergonomiques, pas toujours fiables, « avec des engagements longs, une portabilité défaillante voire des clauses abusives ». Ainsi, les mises à jour dites « Ségur », en cours de déploiement au printemps 2023, ont été accueillies avec une grande méfiance par leurs utilisateurs…
Or, selon l'association qui cite une enquête réalisée par ses soins en 2020, les médecins attendent justement de leurs logiciels des garanties d’ergonomie (60 % des répondants), de fiabilité (48 %) et de gain de temps médical (46 %). Ils craignent à l'inverse l’exploitation dérégulée des données de santé (48 %), la soumission aux tutelles (37 %) et une déshumanisation de la médecine (36 %).
Offre pléthorique, labellisation inégale
Dans ce contexte, le choix des outils numériques est devenu souvent dans les faits une épreuve, voire un casse-tête pour les libéraux, à cause de contraintes comme « une offre pléthorique et inégale, des labellisations complexes (…) et la nécessité de partager les décisions prises entre équipes aux besoins divergents puisque ces logiciels, désormais quasiment tous pluriprofessionnels, ne sont pas interopérables », tacle l’association.
La démarche intersyndicale vise in fine à porter une vision plus apaisée de la transformation numérique, en partenariat étroit avec les éditeurs. Le site 100000médecins.org entend ensuite « s’ouvrir à l’évaluation des solutions de télémédecine, d’agendas numériques et d’objets médicaux connectés ».
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