Portrait

Dominique Pon. L’éternité, tout un programme

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Publié le 23/01/2020
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Crédit photo : DR

« Je me rêvais joueur de foot. » Dominique Pon est désormais délégué interministériel, à la manœuvre dans le dossier du chantier numérique. Faut-il parler d’échec ? Dans le monde (trop) bien pensant du monde de la santé, la parole libre de Dominique Pon va droit au but. Et libère les énergies. « Je me reconnais un pouvoir d’influencer les gens. Je m’en suis aperçu dès l’adolescence », reconnaît-il. À 51 ans, cet ancien milieu de terrain, père de deux enfants n’aurait pas d’ennemis, à l’exception de certains journalistes parisiens dont les enquêtes de terrain ne dépassent pas le périphérique. Peut-être parce qu’il a toujours échappé aux logiques de classes sociales. À la maison, l’ardente obligation n’était pas seulement de s’imposer à l’école mais aussi sur les terrains de foot auprès des jeunes des cités. La réussite, éventuellement mais pas à n’importe quel prix. La leçon a été prodiguée par son père, ancien syndicaliste CFDT, fonctionnaire aux impôts, dans le sillage de cette seconde gauche, héritière de Pierre Mendes-France, incarnée alors par Michel Rocard puis Jacques Delors. « Je suis toujours de gauche », revendique aujourd’hui Dominique Pon. Mais s’il exècre l’élitisme condescendant des gens de droite, l’homme de terrain fustige « la démagogie égalitariste d’une certaine gauche qui tire vers le bas sous le prétexte d’invoquer la justice. Dans les zones sensibles, on a aussi envie de réussir en maths », tacle l’ancien élève des classes préparatoires. Mais pourquoi le directeur de la clinique Pasteur à Toulouse s’est lancé dans des études d’ingénieur au lieu de faire médecine ? « Dans les clichés familiaux, les médecins étaient des fils ou filles de bourgeois. Quant aux commerçants, ils étaient tous malhonnêtes. Il me restait l’école d’ingénieur ». La voie est ouverte. Mais très vite, le jeune Dominique a une intuition. L’informatique sera au XXe siècle la nouvelle imprimerie. Simplement, elle sera ouverte à tous et non plus réservée à une minorité. « Mon père m’offre le Sinclair ZX81 », aujourd’hui vintage en vente sur Ebay. On connaît la suite ou presque. Quand on l’interroge sur son avenir, Dominique Pon refuse d’aller au-delà de janvier 2022. Il vise il est vrai plutôt l’éternité avec ce projet personnel où chaque être humain déposerait une vidéo, une phrase ou plus. Cette mémoire de l’humanité, loin des Gafa, serait gérée par l’Unesco. Serait-ce le projet d’un Don Quichotte ? « D’un Don Quichotte qui fait gagner », corrige Dominique Pon. Et qui aura été tout au long fidèle à cette belle idée empruntée à Baudelaire lancée à 17 ans par celle qui allait devenir sa femme, « la fidélité est l’un des signes du génie ».


Source : lequotidiendumedecin.fr