Cancer bronchique

Les patients dits « âgés » bénéficient des avancées thérapeutiques

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Publié le 13/05/2019
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CANCER POUMON

CANCER POUMON
Crédit photo : PHANIE

Avant de décider un traitement, la collaboration avec l’oncogériatre ou le gériatre est précieuse pour prendre en compte les vulnérabilités particulières aux personnes de plus de 75 ans.

« À l’hôpital Tenon, un oncogériatre le Dr Djamel Ghebriou est présent lors de la réunion de concertation pluridisciplinaire d’oncologie thoracique (RCP). Par ailleurs, il existe également une RCP dédiée à l’oncogériatrie », indique le Dr Lavolé.

Cependant, les stratégies thérapeutiques dépendent davantage de l’état général et des comorbidités que de l’âge. Par exemple, une chirurgie est envisageable à 80 ans pour traiter un cancer du poumon localisé si les explorations fonctionnelles respiratoires sont bonnes et qu’il n’y a pas d’antécédent particulier.

Dans les cancers non à petites cellules (CBNPC) métastatiques, il existe dans 5 à 10 % des cas (60 % des cas chez le non-fumeur), une addiction oncogénique : la croissance tumorale dépend d’une mutation (EGFR ou ALK le plus souvent). Dans ce contexte, les thérapies ciblées sont très efficaces en population générale, mais aussi chez les personnes âgées. « La seule particularité chez elles est la polymédication plus fréquente donc les risques d’interaction médicamenteuse », note la spécialiste.

Concernant la chimiothérapie, 2 essais thérapeutiques ont été dédiés aux plus de 70 ans. L’essai IFCT-MODEL, (Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique), a montré qu’une bithérapie par carboplatine/paclitaxel augmentait la survie globale dans les CBNPC IV par rapport à une monothérapie. Un 2e essai, en attente de publication concernait la chimiothérapie de maintenance après l'induction. En population générale, elle prolonge la survie ; chez le sujet âgé, son intérêt n'est pas démontré. « Grâce à ces études dédiées, la bithérapie est aujourd’hui le standard en 1re ligne métastatique chez le sujet âgé, jusqu’alors traité par monothérapie », précise le Dr Lavolé.

Ère de l’immunothérapie

Elle a marqué un tournant dans le traitement des CBNPC de stade IIIB-IV sans addiction oncogénique, et bouleversé les stratégies.

D’abord en 2e ligne métastatique, où 3 molécules ont eu l’AMM après avoir démontré un bénéfice sur la survie comparé au docetaxel : le nivolumab (essais CHECKMATE 017 et 057), le pembrolizumab (essai KEYNOTE 010) et l’atezolizumab (étude OAK).

Puis en 1re ligne métastatique, où le pembrolizumab a obtenu l’AMM dans les CBNPC IV chez les patients dont la tumeur exprime PDL1 à plus de 50 %. L’essai KEYNOTE 024 a en effet montré un net bénéfice sur la survie médiane par rapport à un doublet de chimiothérapie à base de platine (30 mois vs 14 mois). Depuis, en 1re ligne, des combinaisons (chimiothérapie + immunothérapie) ont montré un bénéfice sur la survie, comparé à de la chimiothérapie. « L’analyse en sous-groupe de ces essais d’immunothérapie montre que l’âge n’est pas un facteur d’inefficacité et il n’est pas observé de toxicité particulière ; il y a moins d’effets secondaires qu’avec la chimiothérapie, ce qui est d’autant plus appréciable chez le sujet âgé », indique la spécialiste.

Les Dr Djamel Ghebriou et Pascal Chaïbi coordonnent un projet de téléconsultation porté par l’unité de coordination d’oncogériatrie (UCOG) Ile-de-France Paris Est. « L’hypothèse est que la téléconsultation pourrait éviter à la personne âgée atteinte de cancer des aller-retour fatigants et inutiles en ambulance. Il y aurait un cadre très précis ; une téléconsultation pourrait s’envisager pour un suivi de traitement ciblé, ou la veille d’une perfusion en hôpital de jour », précise le Dr Lavolé.

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9749