L’incendie menaçait de se propager, il a vite été éteint. Lors de l'examen du projet de loi « Avenir Professionnel » en commission des affaires sociales, des députés Les Républicains ont introduit un amendement qui a mis le feu aux poudres. Ils proposaient de confier aux médecins généralistes les visites médicales d’embauche des apprentis, quand aucun professionnel de la médecine du travail n’est disponible dans un délai de deux mois.
Pas la compétence et pas plus le temps
Cette proposition a fait bondir les médecins du travail. Leur organisme représentatif Présanse, qui réunit 240 services de santé au travail interentreprises, explique dans un communiqué que « la visite d'embauche de l'apprenti, un jeune bien souvent, a pour objectif de vérifier que son état de santé est compatible avec le poste ou le métier envisagé. Elle est l'occasion de dispenser des conseils de prévention des risques professionnels ». Cette visite nécessite donc l’expertise « des médecins du travail » et « envisager l’intervention des généralistes (…) paraît contestable », écrivait encore l'organisme de médecins du travail.
La Société française de médecine du travail (SFMT) estime également que « les services de santé au travail ne sont pas nécessairement plus "engorgés" que nombre de cabinets de médecine générale », compte tenu des problèmes de démographie médicale qui touchent aussi leur discipline. Cet argument d’engorgement ne tient donc pas pour la SFMT, qui considère que « les médecins généralistes ne doivent pas être la variable d’ajustement du système de santé au travail, qui plus est, sans formation spécifique ».
Rectification au Sénat... pour l'instant
Mais les sénateurs sont revenus sur ce qui avait été voté par les députés. Lors de l'examen en commission des affaires sociales, plusieurs sénateurs LR ont d’abord proposé de faire passer le délai de deux mois à un, avant de se rétracter et de proposer un nouvel amendement qui stipule que : « Pour un apprenti embauché en contrat d'apprentissage, il est préférable que la visite d'information et de prévention soit réalisée par un médecin du travail qui connaît mieux le monde de l'entreprise qu'un professionnel de santé de la médecine de ville. (…) L'amendement supprime donc la possibilité de recourir à un médecin de ville pour la visite d'information et de prévention ». Il a été adopté. L’affaire est donc classée pour le moment, puisqu’il s’agissait d’un vote en première lecture, et la proposition pourrait très bien refaire son apparition à la faveur de la navette parlementaire à venir.
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