Le mouvement « Médecins pour demain » présenté comme asyndical et apolitique a partagé, ce mercredi 21 décembre, « son projet, ses valeurs, ses propositions » à l'occasion d'une conférence de presse organisée à Paris, au siège de l'URPS médecins libéraux Île-de-France.
À l’origine de l'appel à la grève des 1er et 2 décembre, le collectif (qui compte désormais plus de 15 000 membres sur Facebook), peut compter sur le soutien de l'UFML-S, du SML et de la FMF, syndicats de médecins libéraux dont les représentants étaient présents lors de la conférence de presse.
C à 50 euros, cumul des actes, relégalisation de la médecine foraine…
Figure de proue du jeune collectif qui ambitionne de « refonder la médecine de ville et redonner de l'attractivité à la profession » ? La mesure visant à revaloriser la consultation de base (C) à hauteur de 50 euros.
« Celle-ci serait prise en charge conjointement par l'Assurance maladie et les complémentaires santé », a précisé le Dr Christelle Audigier, présidente du collectif et généraliste installée à Craponne (Rhône).
Selon l'omnipraticienne, cette revalorisation permettrait à la fois d'investir « dans des locaux adaptés et du matériel récent » et « d'embaucher du personnel » pour venir en aide aux médecins. « Cela permettrait qui plus est de créer de l'emploi local », a fait valoir le Dr Sylvain Gonzales, représentant du collectif et médecin généraliste à Marly (57), spécialisé dans le sommeil.
Autre revendication présentée ce mercredi : la possibilité pour les médecins de cumuler des actes « alors qu'actuellement un médecin qui pratique quatre actes est facturé seulement pour un et demi ». Mais également la possibilité de coter à la fois une consultation et un acte en même temps :
« Pouvoir facturer tous les actes sur la même plage de consultation permettrait d'éviter de faire revenir des patients un autre jour pour effectuer l'acte. Le patient gagnerait en temps de transport et le médecin en temps médical. Le médecin aurait donc plus de créneaux disponibles ce qui permettrait de diminuer les délais de prises en charge », a exposé le Dr Sylvain Gonzales, pragmatique.
Lors de son intervention, le Dr Christelle Audigier a aussi plaidé pour une revalorisation des visites à domicile à hauteur de 80 euros. « Il s'agit de consultations complexes et longues avec des patients potentiellement en fin de vie. Il est nécessaire de prendre du temps avec eux. Or, bien souvent, nous assurons ces consultations dans des conditions dégradées », a-t-elle regretté.
Lors de son intervention, le collectif a par ailleurs plaidé pour la création d'un guichet unique pour tous les patients en affections de longue durée (ALD) sans médecin traitant. « Cela faciliterait leur accès et la continuité des soins », ont défendu les médecins du collectif.
La « relégalisation » de la « médecine foraine » (sans lieu d'exercice permanent, ndlr) pour « adapter l'offre de soins aux besoins de soins » et la « défiscalisation des consultations en zones sous-dotées » sont également des mesures plébiscitées par le collectif.
Lignes rouges
Enfin, le collectif Médecins pour demain s'est montré clair sur les forfaits. « Nous réclamons la suppression de la ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique, ndlr) et du forfait structure dont l'utilité n'est pas prouvée », ont insisté les médecins du collectif qui misent sur ces suppressions « pour faire des économies ».
« Ce mode de rémunération ne permet pas aux médecins de calculer à l'avance s'ils ont la possibilité d'embaucher du personnel », ont-ils par ailleurs ajouté.
Sur la quatrième année, le collectif s'est montré ferme et a fait part de son opposition :
« La quatrième année ne présente aucun intérêt au titre de la formation des internes. Il s'agit simplement d'une mesure pour remédier au défaut de l'État », a estimé le Dr Sylvain Gonzales qui s'est d'ailleurs opposé aux délégations de tâches car une « consultation n'est jamais simple ».
Le collectif de contestataires a profité de cette conférence de presse pour maintenir son mot d'ordre, à savoir, une grève « dure et illimitée » à partir du 26 décembre, sous forme de fermeture de cabinets. Reste à savoir si cet appel à la grève sera suivi par les médecins.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier