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Fillon joue son va-tout en invitant la santé dans le dernier débat des primaires

Publié le 18/11/2016
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Crédit photo : Rama/CC

Bien joué ! De l’avis général, le coup de gueule de François Fillon lors du dernier débat des primaires jeudi 17 novembre contre les journalistes lui aurait fait acquérir une vraie stature présidentielle. Il monte, il monte dans les sondages le Fillon ! Et sa sortie, pleine d’autorité, pourrait renforcer encore sa position, au point, peut-être, disent certains, de créer la surprise dimanche soir…

Ce que les observateurs mettent moins en évidence, c’est que c’est en invitant la santé dans le débat que l’ancien Premier ministre s’est remis en selle. Et de proposer -sur le mode recadrage- cette alternative au canevas proposé en fin de débat par France 2 : "Les Français veulent savoir ce que le futur président de la République va faire en matière de santé…" Le candidat a poursuivi en expliquant : "Je vais commencer en disant que je voudrais qu’on réforme profondément la politique de santé dans notre pays." Et le Sarthois de suggérer, magnanime : "peut-être que mes amis pourront intervenir sur ce sujet…"

Las… En réalité, au cours des trois débats publics depuis octobre, les six candidats se seront montrés peu inspirés sur le système de soins (voir par ailleurs notre tableau comparatif). Et la sortie -finalement très brève- de François Fillon aura été un des rares moments où la santé se sera fait une petite place dans la cour des grands. Mais l'ex-chef du gouvernement avait sans doute prévu de garder le meilleur pour la fin… Quitte à filer l’anaphore pour mieux montrer l’importance qu’il accorde au sujet : "Je voudrais une politique de santé qui soit basée sur les généralistes… Je voudrais une politique de santé désétatisée par rapport à ce que l’on a fait depuis des années. Je voudrais une politique de santé qui donne beaucoup plus d’autonomie aux établissements…"

Autant dire que, sur la santé aussi, le candidat Fillon a marqué jeudi soir des points sur ses concurrents. Jusqu’alors, rien ou presque n’avait été dit qui touche de près ou de loin le sujet. Tout au plus, d’aucuns ont eu une petite pensée pour les déserts médicaux, mais ce ne fut qu’une allusion. Et pour le reste, on aura plutôt utilisé la santé comme un prétexte. Par exemple pour évoquer la laïcité. Nicolas Sarkozy expliquant lors du premier débat en octobre « au nom de l'égalité des hommes et des femmes », qu’on "ne choisit pas le sexe de son médecin, on ne porte par le burkini," car "ici, c'est la France."

Lors des trois débats, la santé a encore été abordée de manière périphérique, mais en fait pour mieux parler de l’immigration. Dès le premier débat, le 13 octobre, Bruno Le Maire plaidait ainsi pour que l’on supprime l’Aide Médicale d’Etat : "Vous trouvez ça normal de rembourser les frais de santé d’une personne en situation irrégulière et de ne pas pouvoir le faire pour un Français ?" Au regard des électeurs du FN, le créneau est porteur. Et c’est peut-être pour cela que Nicolas Sarkozy a repris la même antienne lors du dernier débat de cette semaine : "Je souhaite supprimer l'aide médicale d’Etat aux étrangers en situation illégale". Jean-François Copé reprenant alors la balle au bond pour rappeler que c’est lui qui a proposé la suppression de l’AME en premier…


Source : lequotidiendumedecin.fr