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Francis Vuillemet, SNPHARE : "Derrière les difficultés des urgences, il y a le problème de l'hôpital tout entier"

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Publié le 13/02/2020
SNPHARE

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Pourquoi faire grève le jour de la Saint Valentin le 14 février ?

L'idée était de faire coïncider cette grève avec la fête des amoureux avec l’intention de déclarer sa flamme à l'hôpital public. C'est d'ailleurs le même discours que celui des patients qui sont très attachés à la qualité des soins à l'hôpital public. 

Autre raison, il est difficile de trouver une date pour avoir une visibilité en dehors des grands cortèges nationaux. C'est aussi une façon de montrer que l'on reste mobilisé depuis le 17 novembre, date d'une manif qui a rassemblé beaucoup plus de monde que les autres jours de grève.

Votre combat se télescope autour de deux luttes, le premier en faveur de l'hôpital public et le deuxième pour vos retraites..

Oui, mais l'élément principal reste la sauvegarde de l'hôpital public et les moyens d'y travailler correctement pour l'ensemble du personnel, à commencer par les PH.

Attendez-vous que la ministre vous rencontre au sujet des retraites ?

Il y a effectivement de timides avancées sur ce point car deux réunions ont déjà eu lieu, ce qui est inédit depuis deux ans. On est content d'être entendu et c'est bien qu'on nous explique le système. Mais nous aurions espéré, plutôt, d'authentiques négociations.

Quelle est alors votre priorité ?

C'est le statut et l'hôpital public. Les retraites évidemment sont un sujet qui cristallise bien des questions alors que nous manquons d'un dispositif de simulation pour savoir à quelle sauce vont être mangés nos collègues nés après 1975. Mais ceux qui sont nés avant 1975 sont également concernés car nous n'avons pour eux non plus aucune certitude sur l'impact de cette réforme. Car l'Ircantec est amenée à disparaître. Et s'il n'y a plus de cotisants [on ne cotisera plus dans le nouveau système], il faut se demander comment on va faire les calculs pour assurer la zone de transition. Car le but de ce nouveau système est d'épuiser les réserves mais surtout pas de déborder de l'épuisement.

Hormis le sujet sur les retraites, quelle est l'écoute des pouvoirs publics sur la crise à l'hôpital ?...

Quel que soit le domaine, les choses sont déjà décidées pour les pouvoirs publics. Le plus difficile à gérer est que toutes les revendications sont liées, aussi bien le statut que la revalorisation salariale. La tendance observée est la hausse de l'attractivité en début de carrière (prime d'engagement), ce qui va inciter les PH à rentrer dans le système. Mais qu'est-ce qui va les inciter à y rester ? Le risque est qu'au niveau du salaire du dernier échelon (même si celui-ci est plus élevé, effectivement, mais pas outrageusement si l'on prend pour référence les autres pays de l'OCDE) on risque de stagner et de faire fuir les PH ailleurs. Ce n'est pas parce qu'on est attiré par des primes d'ailleurs temporaires qu'on a envie de rester à l'hôpital public. C'est ce qui nous inquiète particulièrement.

Que propose le ministère comme solution ?

Les pouvoirs publics nous vendent une certaine perméabilité avec le privé. Mais cela semble être difficile à mettre en oeuvre, tant notre quotidien est chargé en tant que PH à temps plein. Je n'imagine pas pouvoir maintenir une activité de soins continue avec seulement des PH à mi-temps public/privé. En témoigne l'exemple de Mont-de-Marsan où l'hôpital est en train de s'associer aux cliniques à but non lucratif, avec la volonté de créer des statuts différents. Ceci inquiète nombre de nos collègues hospitaliers qui craignent de récupérer les patients les plus lourds avec les activités les moins valorisées. Il faut savoir que concernant la problématique des urgences, elle n'est que la partie immergée des difficultés de l'hôpital. Or sans lits d'aval, cela n'a pas de sens. Derrière les urgences il y a le problème de l'hôpital tout entier.


Source : lequotidiendumedecin.fr