Hospitalisations ponctuelles, cancers, maladies cardiovasculaires : ces dépenses qui plombent la Sécu

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Publié le 12/06/2019
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Crédit photo : S. Toubon

L'Assurance-maladie a présenté ce mercredi 12 juin sa cartographie médicalisée des dépenses de santé en 2017 (et leur évolution depuis 2012). La CNAM se penche sur les soins reçus par les 57,6 millions de bénéficiaires du régime général. Toutes ces dépenses sont ventilées entre 57 pathologies, regroupées dans 13 grands groupes, dont se dégagent plusieurs tendances, qui seront reprises dans le futur rapport charges et produits, qui détaille et documente les propositions d'actions de la CNAM pour l’année suivante.

140 milliards d'euros de dépenses par an

Un peu plus d'un tiers des bénéficiaires (20 millions) ont reçu des soins en lien avec une pathologie spécifique, la plupart du temps chronique ou liée à la prise d'un traitement médicamenteux sur le long terme (psychotropes, en prévention du risque cardiovasculaire). S'y ajoutent 6 millions d'assurés qui ont bénéficié d'un recours au système de soins « susceptible de générer une dépense significative », comme une grossesse, une hospitalisation ponctuelle sans lien avec une pathologie spécifique ou la prise d'un traitement antalgique ou anti-inflammatoire. La majorité des assurés (55 %) n'a donc pas engendré de dépenses liées à une pathologie, un traitement spécifique et n'a pas été hospitalisée en 2017. 

En tout, ces dépenses représentent 140 milliards d'euros remboursés par l'assurance-maladie en 2017 (soit une hausse de 17 milliards depuis 2012). Les hospitalisations ponctuelles représentent le plus gros poste de dépense (31,3 milliards d'euros). Associés aux soins courants (14,5 milliards) et la maternité (7,8 milliards), ce que la CNAM appelle les épisodes de soins représentent 53,5 milliards d'euros, soit un gros tiers de la dépense globale. Le poids des maladies psychiatriques ou psychotropes (20,3 milliards) se confirme, suivi des cancers (15,6 milliards) et des maladies cardio-neurovasculaires (14 milliards).

Les dépenses liées aux hospitalisations ponctuelles ont augmenté de 3,2 milliards d'euros depuis 2012. « Elles correspondent à des prises en charge diverses, et variables selon l'âge, explique Christelle Gastaldi-Ménager, à la tête du département des études sur les pathologies et les patients. Il y a un poids important des domaines comme la thérapeutique digestive (coloscopie), de la chirurgie de la hanche, du genou ou encore de la cataracte, beaucoup plus fréquentes chez les personnes âgées. »

L'enjeu du cancer du poumon

L'autre poste de dépenses à avoir le plus augmenté est celui lié aux cancers, en hausse de 3 milliards d'euros sur la période 2012-2017. Ces pathologies ont touché 2,6 millions de personnes en 2017, dont 1,2 million pour un cancer en phase active de traitement soit 14 milliards d'euros de dépenses. Le nombre de personnes concernées augmente sans discontinuer depuis 2012.

Parmi les cancers, le cancer du poumon constitue « un fort enjeu de santé publique », indique la CNAM, notamment les cas chez la femme, en hausse de 38 % sur les cinq dernières années. « Cela reflète bien la hausse continue du tabagisme chez les femmes depuis les années 1960 et 70 », souligne le Dr Ayden Tajahmady, directeur adjoint de la stratégie, des études et des statistiques. La prise en charge de ce type de cancer est caractérisée par une forte hausse de la dépense globale et par patient (en moyenne de 20 000 euros par an, dont 3 409 euros de médicaments et 4 025 euros de nouveaux traitements délivrés « en sus » du séjour hospitalier).

Le remboursement de dispositifs médicaux en hausse

L'Assurance-maladie s'est également penchée sur le diabète, pour lequel ont été traitées 3,2 millions de personnes en 2017, le plus souvent des hommes, dans le nord et l'est de la France ou dans les territoires ultramarins. La dépense annuelle moyenne est de 2 160 euros par patient. Les dépenses ont augmenté de 2,5 % par an entre 2012 et 2017, notamment sur les soins infirmiers et la catégorie « autres produits de santé » (qui incluent les dispositifs médicaux). « C'est à mettre en relation avec le recours croissant des pompes à insuline ou des bandelettes pour lecteurs de glycémie, et de l'insulinothérapie pour les patients soignés en ambulatoire, qui nécessite des soins infirmiers », indique le Dr Tajahmady.

À noter que les produits de santé ont représenté 5,7 milliards d'euros en 2017, dont 22 % pour le diabète et 12 % sur les maladies neurodégénératives.


Source : lequotidiendumedecin.fr