Paiement au forfait

Les financements Peps et Ipep à l’épreuve des MSP

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Publié le 24/02/2023
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L’Irdes vient de publier une étude portant sur cinq MSP qui ont adopté ces nouveaux modes de rémunération collectifs, alternatifs au paiement à l’acte.

Crédit photo : GARO/PHANIE

C’est à une enquête d’ampleur que s’est livré l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes). En effet, les chercheurs se sont attachés, en s’appuyant sur cinq monographies qualitatives et 64 entretiens semi-directifs réalisés auprès des professionnels de santé exerçant en maisons de santé pluriprofessionnelles, à évaluer les incidences de l’utilisation des deux expérimentations nationales autorisées dans le cadre de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 : l’Incitation à une prise en charge partagée (Ipep) et le Paiement en équipe de professionnels de santé en ville (Peps).

Schématiquement, le premier dispositif vise à renforcer des dynamiques de coordination entre le secteur de la ville et de l’hôpital. Et le second, entre les professionnels de santé, notamment entre médecins et infirmières d’une même équipe. Avec pour conséquence, « une redéfinition des frontières professionnelles autour de la division du travail de soin », voire des « transformations plus larges dans le secteur des soins primaires (…), telles des redéfinitions des rôles et du travail entre groupes professionnels ? », s’est interrogé l’Irdes.

Premiers enseignements

« D’une part, l’enquête montre le rôle prépondérant des professionnelles paramédicales et des salariées dans la mise en œuvre quotidienne de ces expérimentations. D’autre part, les expérimentations viennent réinterroger la place des médecins dans les prises en charge de patients, en les amenant à se recentrer sur les aspects curatifs », notent les chercheurs.

En outre, l’approche des professionnels n’est pas la même selon le dispositif dans lequel ils se sont engagés. Le faible degré de contrainte du financement Ipep permet aux équipes de soins primaires de privilégier le développement des propres projets de santé publique de la MSP, « l’expérimentation contribuant alors à valoriser une vision locale de l’organisation des soins primaires »… quitte à s’éloigner des objectifs initialement assignés.

Contraintes inégales

Peps, en revanche, apparaît davantage contraignant et semble faire « moins recette » en ce que le dispositif engage directement la rémunération des médecins. « La mise en commun de rémunérations constitue un changement important pour les médecins libéraux », relève l’Irdes. Et tous ne semblent pas prêts à poursuivre leur engagement dans cette voie, même si, comme le rappellent les chercheurs, « les médecins sont au centre des expérimentations : les financements sont basés sur leur patientèle, ils sont les premiers acteurs à porter les projets, et ils sont également les plus présents dans les interactions avec les équipes nationales ». Pourtant, malgré leur investissement en termes d’énergie et de temps passé, le contenu de leur travail semble peu affecté par ces financements expérimentaux.

A l’arrivée, il apparaît que « ces nouveaux financements collectifs au sein des MSP contribuent moins à recomposer en profondeur les organisations de travail qu’à légitimer celles préexistantes », analyse l’Irdes.


Source : lequotidiendumedecin.fr