Fait divers dramatique : Un pharmacien radié de l’Ordre pour avoir prescrit du méthotrexate à un patient de quinze ans, se présentant à son officine un dimanche matin lorsqu’il était de garde, avec une gêne à déglutir. Les arguments du condamné : « J’ai pensé que ces symptômes pouvaient être les prémices d’un déficit immunitaire inaugural d’une leucémie », n’ont pas été retenus en sa faveur.
Un médicament (un principe reconnu actif dans la pharmacopée, c’est-à-dire une molécule ayant fourni les preuves de son efficacité au fur du temps qui l’a rendue pérenne, quels que fussent ses fondements, scientifiques, alchimiques ou psychologiques) a deux rôles : réduire les signes d’une pathologie ; prévenir les signes d’une pathologie. Un remède a des indications et des contre-indications.
1/ Seul, le médecin, de par sa formation et son expérience, est habilité à statuer sur leur pertinence.
2/ Un vaccin est censé prévenir l’avènement d’une maladie, et à ce titre, il est un médicament, et donc présente des indications et des contre-indications. C’est une chose de savoir faire le geste technique d’injecter le vaccin, cela est une autre de savoir s’il faut le faire et quand il faut le faire après examen et anamnèse du patient.
3/ Les métiers de santé ont deux piliers fondamentaux : le premier, tenter de réduire l’évolution d’une pathologie et en soulager les symptômes. Le second, rendre service au patient. Sous le fait des impératifs gouvernementaux, de l’Agence Régionale de Santé et des Caisses Primaires d’Assurance Maladie, les pharmaciens se sont vus considérablement amputer du second axe. Est-ce pour le restaurer qu’ils accepteraient sans réserve de prendre des risques professionnels d’actes pour lesquels ils n’ont pas été formés ?
Sachant que cette proposition émane d’un médecin urgentiste dans le but de désengorger les médecins traitants et par là même les urgences, cela relève du surréalisme le plus provocateur et du plaidoyer pro domo sua. L’expression « se tirer une balle dans le pied » (et par la même occasion, dans celui de ses confrères), trouve ici ses lettres de noblesse. Le temps où le médecin traitant devait être considéré comme la plaque tournante du système de santé est-il révolu, qu’il faille dorénavant lui coller des assistants et lui réserver les pyélonéphrites à l’allure de cystites et les méningo-encéphalites herpétiques à l’allure de migraines ?
J’ai rajouté sur ma plaque : Médecin généraliste ; spécialité : « Loups en robe d’agneau »
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