Les Républicains (LR) sont, en général, assez sévères avec le gouvernement. Et ce n’est pas les récentes déclarations du Premier ministre qui les ont fait changer d’avis. Multipliant les interventions dans les médias, à l’instar de ses camarades du parti de droite, le Dr Yannick Neuder, a chargé l’exécutif lors d’un échange organisé le 10 avril par le café nile.
Le vice-président de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale a regretté que Gabriel Attal, dans son récent entretien à la presse quotidienne régionale, « fasse un dogme d’éléments annexes à fort potentiel médiatique » au détriment de mesures de fond. En cause : la reprise par le Premier ministre de la très populaire taxe « lapin », dispositif que le cardiologue LR avait lui même défendu mais à qui il accordait une place mineure dans sa proposition de loi.
« Jeûne légistique »
Actuellement en train d’évaluer la loi d’organisation et transformation du système de santé (OTSS) – laquelle entérine la suppression du numerus clausus au profit du numerus apertus – le député de l’Isère a pointé une trop grande prolifération de lois, dont les décrets tardent parfois à sortir. Féru de formules choc, le Dr Neuder a donc prescrit au Parlement un « jeûne légistique ». D’autant plus que, pour lui – comme pour d’autres députés de tous bords politiques – , « face au mur de la dette et du déficit public », le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) est « inadapté », « insincère » et doit être discuté de façon pluriannuelle. « La santé n’est pas une variable d’ajustement », a-t-il défendu, tout en soulignant une ambiance de « fin de règne, sans majorité » dans les rangs du parti présidentiel.
L’élu n’a pas manqué de tacler le Dr Olivier Véran, qui s’est reconverti dans la médecine esthétique, provoquant un tollé. Le Dr Neuder a rapporté dans son intervention qu’une injection de botox à 300 euros est équivalente à 11 consultations à 26,50 euros et que, selon des chiffres de l’Ordre des médecins, près de 9 000 médecins pratiqueraient la médecine esthétique. Ce qui pose, selon lui, la question de leur rémunération. C’est le sens de la proposition de loi qu’il défend pour encadrer les reconversions en médecine esthétique.
Bruno Le Maire en ligne de mire
Ces sorties très incisives du député isérois s’inscrivent dans une stratégie plus globale de la droite qui, en se piquant de santé, fait d’une pierre deux coups : creuser son sillon pour la présidentielle 2027 tout en critiquant dans l’intervalle l’action du gouvernement d’Emmanuel Macron.
Dans cette optique, près de 160 parlementaires du parti ont signé le 2 avril une tribune dans Le Figaro pour dénoncer la dégradation des politiques publiques en matière de soins. En ligne de mire, un ancien de la maison : le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire et sa croisade pour réduire les dépenses de santé.
Argumentant que la France forme actuellement 13 % de plus de médecins qu’en 2019, soit 10 000, le même nombre qu’en 1970, mais pour 15 millions de personnes en plus et une population vieillissante, atteinte de maladies chroniques, les LR estiment que ce n’est pas assez face aux nombreux départs en retraite. L’occasion pour eux de défendre la PPL du Dr Neuder sur la territorialisation de la formation et sa mesure phare de rapatrier les étudiants partis à l’étranger, pour qu’ils terminent leur deuxième cycle d’études en France.
Sans surprise, la droite emboîte le pas des cliniques privées, mécontentes de la dernière campagne tarifaire au point de menacer le gouvernement d’une grève dure en juin.
Arlésienne ou pas, le Dr Neuder veut croire que cette fois-ci, « la santé sera un grand enjeu de la prochaine élection présidentielle ». La droite s’y prépare. Car, rappelle à bon escient le médecin, le besoin d’un « nouveau souffle incarné politiquement » devient urgent. En attendant, a-t-il ironisé, « la population va compter les jours de la Macronie, et ce jusqu’au dernier ».
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