Au troisième jour de l'examen du projet de loi immigration en commission des lois, les députés ont rejeté la suppression de l'Aide médicale d'État (AME) qui avait été introduite par les sénateurs. « C’était indispensable », a salué le ministre de la Santé Aurélien Rousseau.
Ce rejet attendu a été aussitôt critiqué par la droite. De fait, seuls Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN) ont défendu cette disposition. « La commission des lois de l'Assemblée vient de rétablir l'AME. Comme nous l'avions annoncé, la majorité gouvernementale détricote tout le travail de la droite sénatoriale. La loi du gouvernement redevient un petit texte au rabais qui continuera d'inciter l'immigration de masse », a réagi sur X (ex-Twitter) le président de LR, Éric Ciotti.
En attendant le rapport Evin-Stefanini
Au-delà de la santé des individus, c'est une question de « santé collective », a défendu le rapporteur du texte, Florent Boudié (Renaissance). Il ne s'agit cependant pas de « fermer le débat » puisqu'un rapport sur le sujet, rédigé par Patrick Stefanini et Claude Évin, doit être remis le 4 décembre à Matignon.
Le Sénat, où la droite est majoritaire, avait approuvé en première lecture, début novembre, le remplacement de l'AME par une aide médicale d'urgence (AMU), avec un panier de soins réduit et recentré sur la prise en charge des soins urgents, des maladies graves, des douleurs aiguës, des soins liés à la grossesse ou encore les vaccinations. Le rejet de cette réforme n'est pas une surprise, la majorité présidentielle ayant dès le départ dit qu'elle ne la conserverait pas.
L'Académie de médecine entre en jeu
Si de nombreux soignants ont déjà exprimé publiquement leur souhait de conserver l’Aide médicale d'État, pour des raisons à la fois éthiques, sanitaires et économiques, l’Académie nationale de médecine a réaffirmé à son tour ce jeudi « son opposition à toute restriction du champ d’application des soins qui implique la distinction artificielle entre soins urgents et non urgents ».
Pour l'institution, l’AME « obéit au principe qui guide notre éthique de médecin avec le devoir de prendre en charge tout patient, quelle que soit sa situation, régulière ou non ». En 2020, l’Académie de médecine avait même proposé de créer une protection maladie « réellement universelle » rassemblant l’AME et la Protection universelle maladie (Puma) garantissant l’accès aux soins pour toute personne résidant sur le territoire national.
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