Défendre un système de santé fondé sur les besoins des patients et l’accès pérenne aux produits de santé. Tel est l’objectif d’un collectif composé de 14 associations de santé, de patients et d’organisations impliquées dans la recherche et le développement qui publie, ce lundi 13 mai, une ordonnance pour garantir et maîtriser le prix des médicaments.
Ledit collectif, dont font notamment partie France Assos Santé et l’UFC-Que Choisir, dresse un constat sévère sur l’état de la politique du médicament en France. « Depuis 2018, la situation n’a fait que s’aggraver […], qu’il s’agisse de médicaments nouveaux trop chers ou de pénuries de médicaments anciens » lit-on.
78 % des professionnels de santé en oncologie ayant déjà été confrontés à une pénurie de médicaments
Mieux anticiper les pénuries
Le regroupement d’associations* rappelle d’ailleurs, qu’en 2023, l’Agence nationale de sûreté du médicament (ANSM) a enregistré une importante augmentation des signalements de ruptures de stock ou de risques de ruptures de stock, avec 4 925 déclarations, contre 3 761 signalements en 2022 et 2 160 en 2021.
« Face à l’inadéquation des politiques du médicament aux besoins de santé publique », le collectif formule dans son ordonnance plusieurs propositions concrètes pour garantir l’accès tarifaire des médicaments et remédier durablement aux pénuries.
Dans le rapport en question, France assos santé, l’organisation de référence des représentants de patients, réclame que soit inscrit, dans le prochain PLFSS (budget de la Sécu), une disposition visant à instaurer un « stock de sécurité de médicaments “plancher” de quatre mois pour les médicaments à intérêt thérapeutique majeur ».
Pour l’association, la révision de la stratégie pharmaceutique européenne, engagée par la commission en 2023, doit aussi prévoir la notification et la publication de toutes les pénuries ou des risques de pénuries de médicaments.
Pénurie alarmante en oncologie
Dans le cadre de cette réforme, l’UFC-Que Choisir appelle également les institutions européennes à « mettre le paquet sur les usagers et à ne pas faire de cadeaux aux labos ». L’association de consommateurs exige notamment de raccourcir sensiblement la durée minimale de protection réglementaire des données pour les nouveaux médicaments, fixée aujourd’hui à huit ans, afin d’accélérer la mise sur le marché des génériques.
Autre requête de la Ligue contre le cancer, cette fois-ci, qui réclame une « transparence complète de l’information des professionnels de santé et des personnes malades sur la situation des pénuries et des substitutions afin d’anticiper les recours en cas d’effets indésirables graves ».
Et pour cause. La dernière enquête de l’association publiée le 4 février 2024 montrait des résultats alarmants avec 78 % des professionnels de santé en oncologie ayant déjà été confrontés à une pénurie de médicaments. Parmi les personnes interrogées, 47 % estimaient que les pénuries avaient un impact négatif sur la survie à cinq ans de leurs patients. L’association estime qu’il est aujourd’hui indispensable que les industriels sécurisent leur chaîne de production en agissant sur leurs points de fragilité.
* AIDES, Action santé mondiale, Initiative médicaments contre les maladies négligées, France assos santé, La Ligue contre le cancer, Médecins du monde, Open insulin France, UFC-Que choisir, Vaincre la mucoviscidose.
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