Prescription par le pharmacien : pourquoi la députée généraliste Bagarry « veut passer à l'action »

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Publié le 24/10/2018
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Crédit photo : Facebook

Le PLFSS 2019 permettra-t-il de faire un pas de plus vers la délégation de tâches aux pharmaciens ? Dans un entretien au Généraliste, la députée La République en Marche des Alpes-de-Haute-Provence, Delphine Bagarry, médecin généraliste de formation, défend l'amendement qu'elle a déposé pour expérimenter la délivrance par le pharmacien de certains médicaments aujourd'hui accessibles uniquement sur ordonnance médicale pour la cystite, la conjonctivite ou l'eczéma. Cette disposition, ainsi qu'un second amendement déposé par la majorité pour encourager les protocoles médecins-pharmaciens pour le renouvellement périodiquement des traitements chroniques, seront examinés cette semaine en séance publique à l'Assemblée. 

En tant que généraliste, pourquoi défendez-vous la délégation au pharmacien ?

Dr Delphine Bagarry On parle de délégation depuis des années en France, mais sans passer à l'action. Nous devons lancer des expérimentations permettant la délivrance de certains médicaments sur ordonnance par le pharmacien, grâce à des protocoles définis avec le médecin traitant. Avec cet amendement, nous voulons aussi encadrer une pratique qui se fait déjà illégalement. En tant que généraliste, il m'arrive d'avoir le pharmacien au téléphone qui me demande de pouvoir délivrer un traitement à un patient pour son eczéma. Avec un protocole bien défini, le parcours du patient sera ainsi sécurisé.

Que doit prévoir ce protocole médecin-pharmacien ?

Les médecins et pharmaciens se mettront autour d'une table dans une communauté professionnelle territoriale de santé ou au sein des URPS et définiront trois ou quatre pathologies adaptées. Ils se mettront d'accord sur un arbre décisionnel, détermineront dans quels délais le médecin doit rappeler le patient ou encore dans quels cas le  malade ne rentre pas dans le protocole. Si la personne a déjà eu des complications par exemple, elle sera redirigée vers son médecin traitant.

Les généralistes sont réticents à déléguer la prescription. Comment les convaincre ?

Cette proposition est rejetée par les têtes de réseaux de médecins libéraux mais ils ne représentent pas la majorité des praticiens. Les patients, eux, n'y sont pas opposés. Avec cette disposition, tout le monde est gagnant. D'une part, le médecin va se concentrer sur sa plus-value et gagner du temps médical. D'autre part, le métier de pharmacien sera valorisé dans son rôle de conseil et de professionnel de santé.

Pour quelles pathologies la délivrance directe de médicaments à l'officine est-elle adaptée ?

La délégation est possible pour les pathologies où seul un interrogatoire suffit sans examen clinique. Selon moi, la cystite est le meilleur exemple. Il existe pour cette maladie des arbres décisionnels validés par les sociétés savantes. Les femmes arrivent en consultation avec leur diagnostic car c'est une pathologie récurrente. Elles attendent parfois plusieurs jours pour avoir un rendez-vous chez le médecin pour la prescription. Grâce à ces protocoles, elles pourraient être soulagées plus rapidement en allant directement en pharmacie.


Source : lequotidiendumedecin.fr