« Quitter ce ministère est un déchirement » : Buzyn très émue passe le témoin à Véran

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Publié le 17/02/2020
Passation Buzyn-Véran

Passation Buzyn-Véran
Crédit photo : Ministères sociaux/ DICOM/Jacques Witt/Sipa Press

« C’est avec une grande émotion que je quitte le ministère des Solidarités et de la Santé pour mener la campagne des élections municipales à Paris ». La voix tremblante, submergée par l'émotion, Agnès Buzyn a dit au revoir à ses équipes ce lundi matin, lors de la cérémonie de passation de pouvoirs avec son successeur, Olivier Véran. Celle qui occupait l'Avenue de Ségur depuis plus de deux ans et demi a eu en effet beaucoup de mal à retenir ses larmes, évoquant « un déchirement » à l'idée de quitter ses fonctions. 

Après avoir remercié ses troupes, ainsi que tous « ceux qui, au quotidien, travaillent au service des malades et chaque jour s’engagent auprès des plus fragiles de nos concitoyens », Agnès Buzyn est revenue sur les nombreuses réformes engagées depuis sa prise de poste. « Depuis le mois de mai 2017, beaucoup a été fait mais beaucoup reste à faire, a-t-elle constaté. Si l’heure n’est pas au bilan, j’ai la conviction que les choix que nous avons fait pour notre système de santé vont porter leurs fruits. Les défis qui se présentaient devant nous en 2017 étaient immenses et nous ne les avons pas esquivés. » 

Nombreux dossiers en cours

Loi relative à la transformation du système de santé, crise de l'hôpital public, réforme du 100 % santé, loi de bioéthique, réforme du système de retraite… Les chantiers d'envergure initiés par la désormais ex-ministre de la Santé sont très nombreux et attendent désormais son successeur Olivier Véran. Dans son discours d'au revoir, Agnès Buzyn a témoigné de sa confiance envers le député de l'Isère et nouveau locataire de Ségur. « Je sais que tu es prêt, ta nomination n’est en rien une surprise. Nous sommes médecins tous les deux et nous partageons, je pense, la même rigueur, la même exigence et les mêmes convictions très fortes au service de la santé », a affirmé la nouvelle candidate LREM à la mairie de Paris.

Droit dans ses bottes, le neurologue du CHU de Grenoble Olivier Véran a affirmé avoir « pleinement conscience de l’immense responsabilité qu’implique [sa] fonction. Parce que je connais bien comme médecin hospitalier, mais aussi parlementaire et rapporteur général de la commission des affaires sociales, l’ampleur des dossiers qui m’attendent ici au ministère », a-t-il affirmé lors de sa prise de parole.

Nouvelle concertation pour l'hôpital public

Sur l'hôpital public, le nouveau ministre de la Santé a annoncé qu'il lancera « dans les prochains jours une enquête nationale pour consulter les hospitaliers, directeurs, médecins, infirmiers, aides-soignants brancardiers… Pour tenter de saisir en détail les raisons du mal-être qu’ils nous disent depuis un certain nombre d’années ». Olivier Véran a également eu un mot ce matin pour les praticiens de ville. « Le cœur de l’engagement des médecins de ville est le même qu'à l'hôpital et je ne voudrais pas laisser à penser qu’il y aurait des vocations à deux vitesses. Nous sommes tous au chevet de nos malades et je recevrai très prochainement les ordres et les syndicats professionnels de ville pour les associer aux changements en cours, celui d’une médecine de parcours », a-t-il promis. 

Un autre dossier important attend le Dr Véran, celui de la loi sur le Grand âge et l'autonomie. Cette réforme doit, comme la réforme des retraites, marquer cette année du quinquennat Macron en matière de politique sociale et sanitaire. Agnès Buzyn, qui en avait fait une priorité pour l'année à venir, a assuré que cette urgence ne la quittera pas si elle est élue pour diriger la capitale. « Petite enfance, grand âge, solidarité du quotidien sont autant de compétences pour lesquelles les collectivités territoriales sont en première ligne et à la manœuvre. C’était mon combat ici et ce sera ma responsabilité demain. En 2050, 20 % de la population parisienne aura plus de 65 ans », a-t-elle lancé.

Priorité Coronavirus

Enfin, la priorité numéro un dans les semaines à venir sera la gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus selon le nouveau ministre. Après avoir salué la mobilisation des services de la Direction générale de la santé (DGS) et des professionnels impliqués sur le terrain, Olivier Véran s'est engagé à partager « en toute transparence avec les Français l’ensemble des informations dont je disposerai, qu’elles soient épidémiologiques, sanitaires ou stratégiques et continuerai de faire des comptes rendus réguliers sur la situation ».

À la fin de son discours, Agnès Buzyn a adressé un message à destination de ses potentiels électeurs parisiens. « Les valeurs que j’ai portées comme ministre ne me quittent pas à l’heure où je deviens candidate à Paris ». En écho à l'affaire Benjamin Griveaux, elle a commenté : « Certes, il y a les contingences de la vie politique et les imprévus parfois indignes d’une campagne, mais c’est aujourd’hui un nouveau départ. Les parisiens et parisiennes ont besoin d’apaisement, Paris a besoin de bienveillance et d’une ambition nouvelle », a-t-elle conclu. 


Source : lequotidiendumedecin.fr