L’affaire Booba continue de faire réagir le monde de la santé. Dans une tribune publiée dans L’Express le 29 janvier, un collectif de médecins (réunissant syndicats, jeunes, chercheurs ou encore sociétés savantes*) appelle à « mettre fin à la propagation impunie de fausses informations médicales ».
Les signataires se déclarent « très préoccupés par les dérives constatées » sur les réseaux sociaux et certains médias, « qui partagent et diffusent de fausses informations scientifiques et médicales ». Dernier exemple de fake news, mis en lumière par les échanges sur X (ex-Twitter) entre le rappeur Booba et des médecins : les vaccins anti-Covid inefficaces ou responsables de cancers, voire de la maladie de Creutzfeldt-Jakob… « alors qu’aucune donnée épidémiologique ne rapporte une quelconque augmentation de ces maladies en lien avec la vaccination », se désolent-ils dans leur texte.
Pour ces médecins, « ces déclarations inquiétantes mettent en lumière la volonté de certains de semer la confusion et la peur dans le grand public avec des informations non étayées ». Ils rappellent que les affirmations médicales doivent reposer « sur des données solides issues de la science ». Et déplorent, dans le même temps, « que certains individus et médias profitent de la crédulité d’une partie de la population, contribuant ainsi à mettre leur santé en danger ».
Mesures législatives exigées
Dans ce contexte, les signataires de la tribune appellent, à l’instar de l’Ordre national des médecins, à « soutenir la législation sur les dérives sectaires en cours de révision à l’Assemblée nationale, plus précisément en introduisant des sanctions pour ceux qui incitent à abandonner ou dénigrer un traitement médical reconnu ».
De même, l’article 27 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse concernant la publication, la diffusion ou la reproduction de fausses nouvelles, qui s’applique en cas de trouble à la paix publique, « devrait également concerner les cas de mise en danger de la santé publique », avancent les médecins. Lesquels souhaitent aussi « une régulation plus stricte des réseaux d’information pour protéger les citoyens ». « Il est temps de choisir le camp de la santé contre toute forme d’obscurantisme », concluent-ils.
* Parmi les signataires : Dominique Deplanque, président de la Société française de pharmacologie et thérapeutique ; Manuel Rodrigues, président de la Société française du cancer ; Jérôme Barrière, membre du conseil scientifique de la Société française du cancer ; Rémi Salomon, président de la Conférence nationale des présidents de CME de CHU ; Alain Fischer, président de l’Académie des sciences ; Bernard Castan, président de la Société de pathologie infectieuse de langue française ; Catherine Barthélémy, présidente de l'Académie nationale de médecine ; Olivier Saint-Lary, président du Collège national des généralistes enseignants ; Christophe Leclercq, président de la Société française de cardiologie ; Luc Mouthon, président de la Société nationale française de médecine interne ; Nathalie Salles, présidente de la Société française de gériatrie et de gérontologie ; Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France ; Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre - syndicat ; Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français ; Agnès Giannotti, présidente de la Fédération française des médecins généralistes ; Mélanie Rica, présidente de Médecins pour demain ; Patricia Lefébure, présidente de la Fédération des médecins de France ; Patrick Gasser, président de l’union syndicale Avenir spé - le Bloc ; Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France ; Jérémy Darenne, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France ; Raphaël Dachicourt, président du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants ; Florie Sullerot, présidente de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale.
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