La valse des ministres de la Santé va-t-elle continuer ? Si le bal des prétendants ressemble souvent à un jeu de chaises musicales, de nouveaux profils pourraient cette fois entrer en piste. État des lieux des favoris et des outsiders pour Ségur.
Frédéric Valletoux, celui qui rêve de rester
Si Michel Barnier veut s’inscrire dans la continuité sur le terrain de la santé, il pourrait être tenté de maintenir l’actuel ministre délégué démissionnaire, Frédéric Valletoux. Réélu, le député (Horizons) de Seine-et-Marne est celui qui a le plus incarné les dossiers du secteur depuis quelques mois et il n’a pas fait mystère de sa volonté de rester en place… Au micro de CNews, l’ancien journaliste a même regretté n’avoir « pas beaucoup exercé » et suggéré qu’il était prêt à « poursuivre des chantiers » ouverts. Auparavant vu comme un chiffon rouge par les médecins libéraux, ses rapports avec le secteur se sont améliorés. Il est donc un candidat crédible à sa propre succession, d’autant qu’Edouard Philippe, à la tête d’Horizons, a annoncé être candidat à la « prochaine élection présidentielle » et souhaitera peser en gardant des ministres de son parti au gouvernement.
Yannick Neuder (LR), le médecin expert qui a la cote
Nommé rapporteur général du budget de la Sécu pour 2025, le Dr Yannick Neuder est contraint de naviguer en eaux troubles depuis plusieurs semaines, faute d’interlocuteur à Bercy. Pourtant, le cardiologue hyperactif à l’Assemblée nationale a l’opportunité unique de poser enfin « sa » patte sur des sujets qu’il connaît par cœur, après avoir fait adopter en première lecture un texte remarqué sur le rapatriement des étudiants français en médecine à l’étranger. Économies, recettes : fin août, il s’était longuement exprimé dans « Le Quotidien » pour partager sa vision santé/Sécu de la prochaine législature… Pourrait-il rejoindre un gouvernement mené par Michel Barnier ? L’Isérois est un fidèle de Laurent Wauquiez, qu’il souhaite mener jusqu’à l’Élysée en 2027. Or, ce dernier aura une influence directe dans le casting gouvernemental. Et auprès du secteur, ce médecin expert est en tout cas apprécié.
Corinne Imbert, la spécialiste santé au Sénat
La sénatrice de Charente-Maritime (apparentée LR), présente elle aussi des avantages. Certes moins en vue que d’autres candidats à Ségur, elle est une spécialiste des questions de santé au Palais du Luxembourg, où elle officie comme secrétaire de la commission des Affaires sociales. La pharmacienne avait été rapporteure de la proposition de loi Valletoux, visant à améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels, ainsi que rapporteure pour la branche maladie du PLFSS 2024. Critique de l’action du gouvernement mais toujours force de proposition, son profil de bûcheuse pourrait plaire à l’exécutif, même si elle a voté contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution lors du vote au Sénat (mais pour, lors du scrutin des chambres réunies en congrès).
Philippe Juvin, l’ambitieux qui se tient toujours prêt
Le Pr Philippe Juvin, réélu député des Hauts-de-Seine dès le premier tour, se prépare depuis plusieurs années à intégrer un gouvernement. Si le chef des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP) n’a pas officiellement franchi le Rubicon de la Macronie, restant fidèle à la droite, il fait partie des élus LR « Macron compatibles », ayant même signé un pacte de non-agression dans son département avec l’ex-majorité présidentielle pour « faire barrage aux extrêmes de droite comme de gauche ». Ouvert à d’autres sujets que la santé, l’anesthésiste, très médiatisé pendant la pandémie de Covid, avait, en mai 2023, été nommé « ministre » des Affaires sociales dans le « contre-gouvernement » imaginé par Les Républicains. À 60 ans, le candidat malheureux à la primaire LR pour la présidentielle 2022 trouverait à Ségur un débouché politique à la hauteur de ses ambitions nationales.
Stéphanie Rist, le travail récompensé ?
Macroniste de la première heure, la Dr Stéphanie Rist, ex-rapporteure du budget Sécu et à l’initiative de plusieurs lois marquantes sur la santé (encadrement de l’intérim médical dans les hôpitaux, accès direct à certains paramédicaux) n’a jamais démérité depuis 2017. La rhumatologue hospitalière du Loiret, réélue au Palais Bourbon, est montée dans les rangs du groupe Ensemble pour la République (EPR), présidé par l’ex-Premier ministre Gabriel Attal, devenant sa première vice-présidente à l’Assemblée. Un rôle plus politique pour celle qui continuera de peser sur les sujets santé et se trouve régulièrement citée pour Ségur. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?
Les (possibles) surprises du chef
Si Michel Barnier se veut « disruptif », il pourrait choisir une personnalité… de gauche. Élue dans le Doubs aux législatives, l’anesthésiste Dominique Voynet, profil expérimenté, ancienne ministre de l’Environnement de Lionel Jospin, cofondatrice des Verts en 1984, a une carte à jouer. Elle avait dirigé l’ARS Mayotte de 2019 à 2021. Quant au socialiste Guillaume Garot, il est le leader du groupe transpartisan sur l’accès aux soins, porteur d’un texte introduisant une régulation à l’installation des jeunes médecins. Il a prouvé qu’il pouvait travailler avec des élus de différents bords politiques.
D’autres médecins pourraient faire l’objet de convoitises, comme le Dr Paul-André Colombani, généraliste corse siégeant avec le groupe Liot à l’Assemblée, qui jouera un rôle pivot dans la quête de majorités.
Quant à Xavier Bertrand, qui figurait dans la short list pour Matignon, il a déjà occupé la fonction à deux reprises et a conservé une bonne image dans le secteur. Mais accepterait-il un « simple » ministère, fût-il élargi, après avoir ambitionné de diriger le gouvernement ?
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