Rapport Cour des comptes. Faut-il toujours deux pilotes dans l'avion ?

A son tour, la Cour des comptes appelle à la mise en œuvre urgente de réformes de structures dans le secteur de la santé. Son constat repose sur un état des lieux déjà largement dénoncé par d'autres experts : effet inflationniste de la T2A, concentration des médecins libéraux dans les zones urbaines et littorales, performances insuffisantes de la France pour certains indicateurs de santé publique comme la mortalité précoce, indigence du volet prévention comparé aux autres pays européens et surtout accumulation des déficits qui menacent la pérennité du système de protection sociale. En réponse, ce rapport de la Cour des comptes propose en matière de gouvernance un big bang à savoir la création d'une Agence nationale de santé. Comment aujourd'hui mettre en œuvre le changement avec une gouvernance à deux têtes ? En effet, l'assurance maladie gère la médecine de ville. Le ministère de la Santé a la haute main sur l'hôpital. Un acteur unique serait plus efficient pour imposer les réformes qui fâchent, selon le diagnostic des magistrats de la rue Cambon. A ce stade, cette suggestion n'a aucune chance d'être retenue. Dans sa réponse, Agnès Buzyn a poliment réfuté l'idée en maniant la litote: « Nous ne croyons pas que la création d'une Agence nationale de santé garantirait la fin des cloisonnements qui pourraient perdurer dans une structure aussi complexe. » Nicolas Revel reprend le même argument. Et surtout dénonce le risque d'affaiblissement du pouvoir du ministre face au directeur de cette grande agence si elle était créée. Cette remarque incidente avait, il est vrai, été rédigée avant le report du Caqes, arme de dissuasion massive de l'assurance maladie contre les établissements de soins, décidé la semaine dernière par Agnès Buzyn