Pourquoi vouloir conserver le cordon ombilical d'un bébé à des fins thérapeutiques ? C'est pourtant la décision récente du tribunal de Grasse qui a autorisé un couple vivant à Nice à conserver le cordon de son futur bébé. La future mère a obtenu le droit de le faire congeler et conserver par une société spécialisée. Le couple a une quarantaine d'années. Ils attendent leur premier enfant. La famille du bébé compte plusieurs cas de cancers foudroyants. « Ce qui est une première, c'est d'agir par anticipation. Le cancer n'est pas là, mais on sait qu'il y a un risque avéré », explique l'avocat de la famille, Me Emmanuel Ludot. La future mère compte sur les progrès de la science de l'avenir sur les cellules souches d'ici une trentaine d'années.
Cette décision fait polémique. Selon Jean-Paul Vernant, professeur d'hématologie à la Pitié-Salpêtrière qui a contesté l'intérêt de cette pratique le 14 décembre sur France Culture, ces autogreffes pour ces patients ne sont d'aucune utilité dans la lutte contre la maladie constitutionnelle. « C'est intéressant d'avoir ce sang pour réaliser des greffes de moelle lorsqu'un enfant ou un adulte a une maladie constitutionnelle comme une drépanocytose. Pour une leucémie aiguë, on peut avoir besoin d'une chimiothérapie très forte. Il faut alors détruire la moelle qui est malade et la remplacer par une autre compatible. » Il évoque les difficultés à trouver des donneurs, même au sein d'une famille. Les sangs de cordon permettent alors de guérir ces maladies. Toutefois, ce sang doit être sain. Et utiliser celui d'un enfant qui a déjà une maladie constitutionnelle est absurde. Et par ailleurs, si une personne est victime d'une leucémie aiguë, c'est que son système immunitaire n'a pas su lutter contre la leucémie. Et il n'y a rien dans le sang placettaire qu'on ne trouve dans la moelle d'un sujet adulte. Surtout ce n'est pas parce qu'on arriverait à fabriquer dans trente ans un poumon à partir de cellules souches qu'on parviendrait à guérir d'un cancer de cet organe. Enfin, l'énorme coût financier qui serait engendré si l'on souhaitait conserver les sangs de cordon des 800 000 naissances annuelles françaises.
Interdiction de commerce des produits biologiques
Que prévoit la loi française ? Selon l'avocat, le cordon ombilical appartient à la mère, et pas au père ni à l'enfant. D'ailleurs, selon le Pr Vernant, la loi interdit le commerce des produits biologiques. Cela entre dans l'esprit de solidarité et de don. Un sang de cordon peut servir à une autre personne, mais pas à soi-même.
25 millions de donneurs de moelle dans le monde
Dans le monde sont congelés 800 000 sangs de cordon et 25 millions de donneurs de moelle sont inscrites sur un fichier de donneurs. Grâce aux progrès de la médecine, tous les patients qui en ont besoin peuvent bénéficier d'une greffe de moelle, même en cas d'incompatibilité avec le sang de cordon.
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