Lutte contre les overdoses aux opiacés : MDM plaide pour une plus large diffusion de la naloxone

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Publié le 30/08/2016

À l'occasion de la Journée internationale de sensibilisation aux overdoses, ce 31 août, Médecins du monde interpelle les autorités sanitaires en faveur d'une plus large diffusion de la naloxone en spray nasal (Nalscue, commercialisé par le laboratoire Indivior) auprès des usagers d'opiacés et de leurs proches.

Le 27 juillet dernier, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) annonçait son accord pour une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) de cohorte de la naloxone en spray, pour le traitement d'urgence des overdoses aux opioïdes dans l'attente d'une prise en charge médicale. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'était prononcée dès novembre 2014 pour une mise à disposition de la naloxone pour les consommateurs d'opiacés. Mais l'ANSM conditionne son accès à une prescription médicale, par les médecins exerçant en centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), ou dans les services d'addictologie et des urgences à l'hôpital, ou encore en unité sanitaire en milieu pénitentiaire.

Si la délivrance de cet ATU a pour mérite de donner une place à la naloxone en spray dans l'arsenal de réduction des risques, c'est une « avancée insuffisante au regard des enjeux posés par les overdoses aux opiacés. Près de 300 personnes en moyenne meurent d'une overdose par année en France », dénonce MDM, précisant que ces chiffres sont largement sous-estimés.

CAARUD et associations

MDM préconise une mise à disposition de proximité de la naloxone, c'est-à-dire au plus proche des usagers et de leurs proches. « Un médecin est rarement présent lors d'une overdose », note l'ONG. Le Dr Jean-Pierre Lhomme, membre du conseil d'administration, enfonce le clou. « Cette ATU est une machine à gaz : le médecin du CSAPA devra remettre un papier à l'usager qui devra ensuite se rendre à la pharmacie à usage intérieur (PUI) de référence... Sans compter qu'un usager suivi dans le cadre d'un sevrage ou d'un traitement de substitution ne fait pas toujours part à son médecin de son intention de consommer des opiacées », explique-t-il au « Quotidien ».

MDM demande au ministère de la Santé et à l'ANSM d'ouvrir l'accès à cette galénique aux centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD), auxquels est confiée la mise en œuvre des expérimentations de salles de consommation à moindre risque (SCMR), et aux associations qui « peuvent les distribuer moyennant une courte formation de 3, 4 items aux usagers et aux proches », précise le Dr Lhomme. « Il n'y a pas de justification à la médicalisation : c'est un spray extrêmement simple d'utilisation, dont le seul effet secondaire est de sauver des vies », insiste-t-il, rappelant sa diffusion à l'étranger (États-Unis, mais aussi Royaume-Uni, Espagne, Irlande, Norvège, Espagne, etc.).

La voix de MDM fait écho à celles de l'Académie de médecine qui proposait en juin que ce spray soit « mis à la disposition de l'entourage des héroïnomanes et accessible pour tous, en cas de besoin, sur l'exemple des défibrillateurs cardiaques », de l'observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), ou encore de la fédération française d'addictologie.

Quel financement ?

MDM s'inquiète enfin de la question du financement de ces kits. S'il n'est pas encore fixé, le prix évoqué oscille entre 100 et 130 euros la boîte de 4 kits de Nalscue. « Les CSAPA n'ont pas de ligne budgétaire consacrée », note le Dr Lhomme. Et MDM de réclamer un prix accessible dans le cadre d'un dispositif financé, pour que l'ATU ne reste pas lettre morte.


Source : lequotidiendumedecin.fr