Salles de consommation à moindre risque : la mission flash de l'Assemblée propose de pérenniser le dispositif

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Publié le 15/09/2021
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Crédit photo : S Toubon

Les porteurs de projets de salles de consommation de drogues à moindre risque (SCMR) espéraient une très rapide inscription de ces dispositifs dans le droit commun (ils en avaient d'ailleurs fait part au « Quotidien »), les députés Caroline Janvier (Loiret, LREM) et Stéphane Viry (Vosges, Les Républicains) leur ont donné raison.

Leur avis est publié alors que l'actualité des salles de consommation est bouillonnante : on apprend ce 15 septembre que le premier ministre Jean Castex a donné son autorisation à la maire de Paris, Anne Hidalgo, d'ouvrir quatre nouvelles salles dans la capitale. Le pensionnaire de Matignon a toutefois émis de fortes réserves sur la localisation d'une de ces salles, prévue pour être installée à quelques mètres d'une école du 20e arrondissement.

Utiles et efficaces, mais pas généralisables

« Ces salles sont utiles et efficaces et elles doivent être pérennisées mais pas généralisées », nuancent les députés dans leurs conclusions. Ils insistent sur l'importance du choix du lieu d'implantation, la coordination entre les acteurs de terrains (ARS, préfecture, mairie, associations, riverains, etc.). Un prolongement de l'expérimentation, qui doit normalement prendre fin en octobre 2022, pourrait se discuter en cas d'évolution du projet tel qu'il est inscrit dans la loi.

Selon les deux députés, les salles doivent offrir des services de soins sociaux et médico-sociaux, et s'inscrire dans une politique publique de prise en charge de la toxicomanie en amont et en aval de la salle. « Le lieu d'implantation est très important, il doit être près des scènes ouvertes pour ne pas créer de nouveaux lieux de fixation », martèle Stéphane Viry. Les deux rapporteurs proposent des pistes d'évolution, comme l'ouverture de salles de consommation à l'intérieur même des centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) ou la mise en place de dispositifs mobiles.

Les SCMR existent en France depuis la loi du 26 janvier 2016 qui les autorise pour une période de 6 ans à compter de l'ouverture de la première salle. Ces porteurs de projets doivent être des animateurs de Caarud, mais les locaux de la salle et du Caarud doivent être distincts.

La salle de Paris sous tension

Les deux rapporteurs ont visité les deux salles déjà ouvertes en France, à Paris et à Strasbourg, et en ont tiré les conclusions quant aux conditions à réunir pour qu'une salle soit bien acceptée et pertinente en matière de santé publique.

« La salle de Paris compte environ cinq fois plus de passages que celle de Strasbourg, détaille Stéphane Viry. À Strasbourg, à compétences identiques, les travailleurs sont beaucoup moins stressés et sous pression. C'est également lié à la densité urbaine et à l'ambiance autour de la salle ». Les niveaux de fréquentation des deux salles sont en effet très différents : 900 usagers et 300 passages par jour pour la salle installée à Lariboisière, près de la gare du Nord à Paris, et 662 usagers et 50 à 80 passages par jour à Strasbourg.

Fruit de cette plus grande sérénité, l'association Ithaque qui gère la salle de Strasbourg développe plus de nouveaux programmes, dont un projet d'hébergement temporaire de 20 places. Les députés estiment en outre que la salle de Strasbourg pose moins de problèmes d'acceptabilité sociale, car elle se trouve dans l'enceinte d'un ancien hôpital.

« Il faut nuancer les positions des riverains relayées par les médias, remarque Caroline Janvier. Sur les quatre associations de riverains constituées dans les alentours de la salle, trois étaient mécontentes que la salle s'arrête pendant le confinement, car ils ont perçu que la salle réduisait l'injection dans l'espace publique et la déambulation, explique-t-elle. Il n'y a qu'un seul collectif qui est très remonté contre la salle, constitué d'habitants dont les fenêtres donnent directement sur l'entrée de la salle ».

Selon les parlementaires, un article du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale traitera de l'avenir des salles de consommations à moindre risque, mais ils ne se risquent pas au jeu des pronostics quant à son contenu exact.


Source : lequotidiendumedecin.fr