Près des deux tiers (62,9 %) des adolescents âgés de 12 à 16 ans sont toujours exposés au tabagisme passif, dans la plupart des cas dans l'espace public. C'est le constat tiré de l'enquête mondiale sur les jeunes et le tabac (Global Youth Tobacco Survey), réalisée dans 143 pays sur plus de 711 000 participants.
L'enquête est menée régulièrement depuis 1999. Les résultats concernant la période 2010-2018 ont été analysés et publiés dans le « Lancet Global Health » par des chercheurs de l'université de Shandong (Jinan, Chine) et du Karolinska Institutet (Stockholm). Si la tendance globale est à la diminution, cela reste un « problème de santé majeur », soulignent les auteurs.
L'exposition dans les lieux publics ne diminue pas
Entre 2010 et 2018, un tiers environ des jeunes interrogés expliquait être exposé à la fumée de cigarette à leur domicile, et 57,6 % affirmaient l'être dans un espace public. La prévalence de l'exposition à domicile a ainsi diminué depuis la période1999-2005 (au cours de laquelle 44,1 % des jeunes étaient concernés). La prévalence de l'exposition dans les espaces publics a, au contraire, augmenté dans certains pays et n'a pas diminué dans les autres. Il est à noter que le tabagisme à proprement parler, bien qu'en forte baisse depuis 1998, reste non négligeable : 11,3 % et 6,1 % de filles de 12 à 16 ans sont des fumeurs réguliers.
La diminution du tabagisme passif est plus marquée chez les plus jeunes et dans les pays à revenus élevés et intermédiaires. La région OMS Amériques semble, selon les données de l'enquête, faire figure de meilleure élève que les autres, juste devant l'Europe. Les auteurs attribuent ce fait à un respect plus strict des recommandations en matière de lutte contre l'exposition au tabac. En revanche, les régions Ouest-Pacifique, est de la Méditerranée et Asie du Sud-Est avaient plus de retard dans l'application de politiques efficaces de lutte contre le tabac.
Respect des interdictions de fumer et prix du tabac
« Bien que des efforts considérables aient été faits pour lutter contre le tabagisme au cours des deux dernières décennies, le tabagisme passif, en particulier dans les lieux publics, reste un problème de santé majeur », analysent les auteurs, qui préconisent la mise en place de zones sans tabac stratégiquement disposées pour protéger les enfants et les adolescents. Ils préconisent également la sensibilisation des parents et des écoles.
Pour expliquer la persistance du tabagisme passif, les auteurs avancent la mauvaise application des interdictions de fumer dans les lieux publics, la faible adhésion aux recommandations internationales ainsi que la tolérance sociale encore trop importante dont bénéficie le tabac. « Le faible prix du tabac, lié aux taxes trop faibles, et sa grande accessibilité sont aussi des facteurs déterminants », poursuivent-ils.
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