Courrier des lecteurs

Buzyn,  Véran et les médecins libéraux

Publié le 20/02/2020

Nous avons appris en le 16 février au soir que notre ministre démissionnait pour se consacrer aux élections municipales ô combien importantes de Paris. Cet emballement, très rapide, fait suite à la défection d’un ténor de LAREM, Benjamin Griveaux.

Le plus surprenant, tient essentiellement au comportement de notre ancienne ministre de la Santé qui quelques heures auparavant clamait haut et fort qu’elle ne voulait pas s’investir dans une campagne municipale. Actuellement, ce ministère est sous pression car de nombreux dossiers restent en suspens, et méritent une attention soutenue. Dans ce contexte, il est difficile de comprendre les raisons qui ont poussé Mme Buzyn à laisser la charge qui lui avait été confiée. J'ai du mal à admettre qu’en pleine crise au sein du ministère de la Santé la responsable puisse disparaître pour laisser sa place à un autre.

Il est vrai que Paris nécessitait un personnage médiatiquement connu pour représenter un parti politique au pouvoir. Notre ancienne ministre n’a-t-elle pas dû accepter ce poste suite à une demande très appuyée des dirigeants du parti ?

Toujours est-il que le discours de Mme Buzyn a été clair. Elle est fière de porter les couleurs de LAREM aux élections municipales, et ce même si le challenge se révèle très difficile !

Drole d'idée pour désengorger les urgences

Quid de la santé après le départ d’une ministre de premier ordre dans cette fonction ? Car, en quittant son poste, elle laisse de nombreux dossiers très difficiles à gérer. Le chevalier Véran a été nommé pour s’acquitter de cette tâche. Ce confrère est déjà très connu de par ses prises de position politiques (il est allé de la gauche vers la macronie). De plus, il est à l’initiative d’un projet que nombre d’entre nous jugeons très farfelu : rémunérer les structures hospitalières qui reçoivent des patients non urgents pour les renvoyer vers les libéraux.

Cette mesure est discutable. D'abord, parce que la médecine libérale a de grosses difficultés actuellement à absorber un flux de patient plus important que celui qu’elle prend en charge. Et si les patients viennent pour de la « bobologie » aux urgences, c’est parce qu'ils n’ont pas trouvé de médecins disponibles. Ensuite, donner 60 € aux hôpitaux pour envoyer les patients vers des généralistes de ville qui seront payés pour faire le travail 25 €, c’est majorer les tensions entre le secteur public et privé. On se moque des libéraux qui travaillent d’arrache-pied et sont sur les rotules.

Aussi, nous devons rester sur nos gardes, car cela nous montre que M. Véran oublie parfois l’importance d’une concertation avec les libéraux. Mais ce confrère avait déjà été pressenti pour diriger ce ministère dès l’arrivée de M. Macron au pouvoir.

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Dr Pierre Frances, Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin