Courrier des lecteurs

Forfait Véran : c'est le généraliste qu'il faudrait rémunérer !

Publié le 20/01/2020

Quel début de bonne idée ! Mais quel couac sur la fin ! « Rediriger »?  Oui. « Vers les praticiens »?  Pourquoi pas ? Mais pas en rémunérant l’hôpital pour une non-action ! Alors, la, non, non et non ! Voyons, Monsieur Véran, réfléchissez un peu, faites preuve d’une once de bon sens.

Ce n’est pas l’hôpital qui redirige qui devra toucher les 60 €, mais, cela va de soi, le généraliste qui assurera cette prise en charge. C’est vrai, on peut être surpris de voir un gars si intelligent faire preuve de si peu de logique.

Pour qu’une suggestion de cet acabit pointe le bout de son nez dans le domaine des choses qui sont votées dans une assemblée, il faut vraiment que son auteur ait des accointances avec Dieu le Père !

Croit-il que les généralistes – dont le nombre de ceux qui ont enfilé depuis quelques années, par-dessus la blouse blanche, le tablier du fonctionnaire, ne cesse d’augmenter- vont foncer sur une mesure ou une fois de plus on les prend pour des imbéciles !

Sur ce début de bonne idée, il aurait fallu en greffer une autre disant : « les urgences redirigent le patient vers le généraliste qui facture sa prestation 60 ou 80 € que la CPAM honorera en tiers payant. »

Conséquences : les urgences ne factureront pas la prise en charge classique de 227 € et donc la sécu fera l’économie de 227 - 60 ou 80 €. Le généraliste sera enchanté ; il reprendra goût avec la pratique de la petite l’urgence. Et surtout, il appréciera qu’on le respecte enfin par une digne rémunération !

Le patient aura son problème réglé, et on peut espérer qu’il reprenne ainsi le chemin des cabinets de ville ou de campagne. Il suffira de demander des volontaires chez les généralistes qui garderont volontiers deux ou trois créneaux à 60 ou 80 € pour ces « urgences » redirigées.

On veillera tout de même, par sécurité, à brûler quelques cierges dans l’église de St Médard, parce que, de nos jours, on n’est plus sûr de grand-chose ! Mais, avec un peu de chance, ça pourrait marcher…

Quant à M. Véran, s’il veut être l’instigateur d’une nouvelle mesure digne de fonctionner, il faut qu’il sache une bonne fois pour toutes, qu’il est impératif de toujours satisfaire dans un même mouvement tous les acteurs concernés et surtout, d’éviter de pratiquer la politique du mépris.

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Dr Bernard Riou Médecin généraliste, Vern-sur-Seiche (35)

Source : Le Quotidien du médecin