Le baclofène réduit l'agitation des gros consommateurs d'alcool sous assistance respiratoire

Par
Publié le 23/02/2021
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : PHANIE

Les patients ayant une consommation élevée d'alcool sont sujets à une forte agitation lorsqu'ils sont mis sous ventilation mécanique. Ils peuvent être calmés grâce à des doses élevées de baclofène, selon une étude randomisée nantaise publiée ce mardi 23 février dans le « JAMA ». Ce myorelaxant est toutefois associé à des durées d'hospitalisation prolongée qui sont à prendre en compte.

Les patients présentant un trouble de la consommation d'alcool ont un risque augmenté de décès, d'agitation et de delirium lors d'un passage en service de réanimation, ce qui réduit les chances d'évolution positive et augmente le risque de séquelles psychologiques à long terme. Les recommandations actuelles demandent d'éviter les stratégies médicamenteuses pour prévenir l'agitation. Il n'y a, par ailleurs, pas de recommandations spécifiques concernant la sédation des gros buveurs d'alcool. Les auteurs ont souhaité évaluer le baclofène de par son effet supposé sur le « craving » et sur la spasticité.

Moins d'agitation mais une durée d'hospitalisation plus longue

Il s'agit d'une étude de phase 3 au cours de laquelle 314 patients admis en unité de soins intensifs ont été recrutés et répartis entre un groupe recevant 50 à 150 mg de baclofène par jour et un groupe sous placebo. À titre de comparaison, les doses optimales de baclofène dans son indication traditionnelle (prise en charge des contractures spastiques) se situent entre 30 et 80 mg par jour. Les RCP stipulent qu'il est possible de monter jusqu'à 120 mg, mais sous étroite surveillance clinique.

Les patients sont restés sous assistance respiratoire pendant une durée maximale de 15 jours. Le critère primaire d'évaluation était la survenue d'au moins un incident lié à l'agitation du patient au cours de la période de traitement, et les critères secondaires étaient la durée de la mise sous assistance respiratoire, la durée du séjour en service de soins intensifs et la mortalité à 28 jours.

Le risque de survenue d'un épisode d'agitation était significativement réduit de 41 % chez les patients sous baclofène (31 % en ont connu un contre 46 % dans le groupe placebo). En revanche, les patients sous baclofène restaient plus longtemps sous assistance respiratoire (durée médiane de 9 jours contre 8 dans le groupe placebo), et plus longtemps en soins intensifs (14 jours contre 11). Un réveil retardé (pas d'ouverture des yeux 72 heures après la fin de la sédation) a été observé chez 14 patients du groupe baclofène, contre trois du groupe placebo. Il n'y avait pas de différence significative en ce qui concerne la mortalité à 28 jours.

Compte tenu de ces derniers éléments, plutôt en défaveur du baclofène, les auteurs estiment que des recherches supplémentaires seront nécessaires pour véritablement définir la place du baclofène dans ce type d'indication, ainsi que les doses optimales à employer.


Source : lequotidiendumedecin.fr