Alerte sur des risques cardiovasculaires et de réactivation du VHB avec les nouveaux traitements du VHC

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Publié le 16/12/2016

Le comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a demandé la mise à jour des résumés des caractéristiques du produit (RCP) des antiviraux d'action directe indiqués dans le traitement de l'hépatite C. Ces modifications concernent le risque de réactivation du virus de l'hépatite B (VHB). Le comité a également estimé qu'il fallait renforcer les connaissances concernant le lien supposé entre la prise d'antiviraux directs et le risque de récidive précoce de carcinome hépatocellulaire.

L'EMA avait lancé une enquête à la suite de plusieurs signalements de cas de réactivations du VHB pouvant entraîner le décès après le traitement par antiviraux d’action directe chez des patients co-infectés à la fois par le virus de l’hépatite B et le virus de l’hépatite C.

L'ensemble des antiviraux concernés

Suite à une revue des données disponibles, l'EMA a confirmé ce signal, et a demandé une modification des RCP du daclatasvir (Daklinza, Bristol-Myers Squibb), du dasabuvir (Exvieran, AbbVie), du simeprevir (Olysio, Janssen-Cilag), du sofosbuvir (Sovaldi, Gilead) et des associations de l'association sofosbuvir/ledipasvir (Harvoni, Gilead) et lombitasvir/paritaprevir/ritonavir (Viekirax, AbbVie).

Le dernier arrivé dans la famille des antiviraux à action directe, l'association d'elbasvir et de grazoprevir commercialisée par MSD sous le nom de Zepatier n’est pas incluse dans l'analyse du PRAC. Les conclusions du comité s'appliqueront néanmoins à « l'ensemble des antiviraux à action direct », Zepatier compris.

La nouvelle version des RCP devra rappeler aux prescripteurs la nécessité de réaliser systématiquement avant l’instauration du traitement un dépistage du virus de l’hépatite B. De plus, les patients co-infectés par le VHB et le VHC doivent être étroitement surveillés tout au long du traitement pour le risque de réactivation du VHB et pris en charge selon les recommandations thérapeutiques en vigueur.

Sofosbuvir et hypertension artérielle

Parallellement à cette décision du PRAC, l'agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) attire l’attention sur la survenue de cas d’hypertension artérielle pulmonaire ou d’aggravation d’une hypertension artérielle pulmonaire préexistante chez des patients traités par association d’antiviraux contenant du sofosbuvir.

« Le lien de causalité avec le traitement antiviral n’a pas été clairement établi à ce jour, explique l'agence, cependant, compte-tenu de l’importance d’une prise en charge précoce de cette pathologie pour en améliorer le pronostic, il importe de prendre en compte ce signal. »

Des cas de bradycardie et de troubles de la conduction ont par ailleurs été rapportés chez des patients traités par association d’antiviraux à base de sofosbuvir. La co-administration avec l’amiodarone est un facteur de risque bien identifié, mais des cas similaires ont également été décrits en dehors de l’association avec l’amiodarone, chez les patients ayant des troubles du rythme cardiaque. À ce jour, le PRAC n’a pas conclu à un lien de causalité avéré avec le traitement antiviral sur ces aspects.

Le PRAC a également enquêté sur le risque de récidive précoce de carcinome hépatocellulaire chez les patients traités par antiviraux par rapport suite au signal fourni par une étude espagnole publiée dans le « Journal of Hepatology ». Le PRAC a considéré que des études additionnelles devaient être conduites avant de pouvoir rendre un avis définitif sur ce sujet.

Enfin, lors de sa réunion de septembre 2016, le PRAC a recommandé l’ajout d’une mention dans les RCP de tous les antiviraux d’action directe concernant les patients traités par anti-vitamines K afin de rappeler la nécessité d’une surveillance étroite de l’INR, compte-tenu des modifications de la fonction hépatique lors du traitement antiviral.


Source : lequotidiendumedecin.fr