Les Français au congrès de l'ASCO 2016

Après le mélanome, l'immunothérapie dans de plus en plus de cancers

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Publié le 06/06/2016
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MELANOME

MELANOME
Crédit photo : PHANIE

L'immunothérapie est en plein développement en cancérologie, comme en témoigne la multitude de présentations lors du dernier congrès de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) à Chicago.

Dans ce domaine, la France n'est pas en reste. L'Institut Gustave Roussy (IGR) est un des grands centres de lutte contre le cancer précurseur en immunothérapie, avec au total une quarantaine d'essais cliniques fin 2016. L'équipe du Pr Caroline Robert, chef du service de dermatologie à Gustave Roussy, est en pointe depuis quelques années déjà dans l'utilisation des anti-PD1et anti-PD-L1 dans le mélanome avancé.

Cette année au congrès de l'ASCO, sa présentation sur la survie globale à 3 ans de suivi des patients traités par pembrolizumab dans le mélanome avancé a été l'une des 5 sélectionnées parmi plus de 5 000 pour la conférence de presse.

Dans cet essai de phase IIb (KEYNOTE-001), les 655 patients inclus venaient d'être diagnostiqués d'un mélanome avancé ou avaient été précédemment traités par ipilimumab, une autre immunothérapie. Après 3 ans de suivi, 40 % des patients sont toujours en vie. Et la durée de vie moyenne supplémentaire est de 24,4 mois. Le taux de survie grimpe à 45 % pour les patients naïfs de tout traitement avant le pembrolizumab.

Dans les cancers génito-urinaires

Après le mélanome, l'inhibition du checkpoint PD-1/PD-L1 fait ses preuves dans de nombreuses autres pathologies, notamment les cancers génito-urinaires. Un essai international dirigé par le Dr Arjun Balar au NYU Langone Medical Center, auquel a participé le Dr Yohann Loriot de l'IGR, est encourageant pour l'atezolimumab en première ligne dans les cancers de la vessie inopérable ou en échec du traitement conventionnel. Le taux de réponse de la tumeur est d'au moins 30 %.

rDans la même indication, après avoir lui aussi déjà mené des essais avec l'atezolizumab, c'est une toute nouvelle molécule, le durvulumab, que le Dr Christophe Massard, oncologue à l'IGR, a évalué pour la première fois. Les résultats sont là aussi prometteurs, avec un taux de réponse objective de 38,1 %.

Dans les cancers génitaux également, les anti-PD1 font une apparition remarquée. Le Dr Andrea Varga de l'IGR présente des résultats prometteurs du pembrolizumab chez 24 femmes dans le cancer du col de l'utérus métastatique ou en rechute. Alors que la survie est habituellement de 7 mois, le taux de survie à 6 mois est de 66,7 % et le taux de survie sans progression de 13 % avec le pembrolizumab. Dans le cancer de l'ovaire en rechute ou réfractaire, l'équipe américaine du Dr Glen Weiss au CTCA trouve des résultats intéressants avec l'avelumab.

Des avancées dans le cancer du sein triple-négatif

Dans les cancers du sein triple négatif, ces cancers du sein difficiles à traiter et dépourvus de molécule spécifiquement indiquée, l'anti-PD-L1 atezolimumab a montré des résultats intéressants, dans l'étude de Sylvia Adams, en association au nabpaclitaxel chez 24 patientes ayant une forme métastatique. Une réponse a été observée chez 42 % d'entre elles.

Alors que le cancer du sein triple négatif pose un réel défi compte-tenu du mauvais pronostic et de l'absence de traitement spécifique, deux autres études font une différence, l'une avec l'IMMU-132 et l'autre avec le vantictumab. La plus aboutie est l'étude de phase II sur l'IMMU-132, ou sacituzumab govitecan, qui a été distingué comme percée thérapeutique par la FDA. Il s'agit d'une chimiothérapie (proche de l'irinotécan) associée à un anticorps anti-Trop2, cette protéine Trop2 étant surexprimée à plus de 80 % dans les cancers du sein triple-négatifs.

 

 

 

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin: 9502