Cancer du sein : l'étude française Xenair pointe la responsabilité de certains polluants atmosphériques

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Publié le 04/10/2022
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Crédit photo : PHANIE

Être exposé à certains polluants de l'air pourrait augmenter le risque de cancer du sein, selon une étude sur plusieurs milliers de femmes en France, Xenair, coordonnée par le département Cancer environnement du centre Léon-Bérard de Lyon* et financée par la fondation Arc.

Les chercheurs ont exploré l'association entre le risque de cancer du sein et l'exposition chronique à faible dose à huit polluants atmosphériques : les polluants ayant des propriétés xénœstrogènes - dioxines, benzo[a]pyrène (BaP), PCB, cadmium - et des polluants auxquels l'exposition est quotidienne - particules fines (PM10 et PM2.5), dioxyde d'azote (NO2), ozone (O3) -, selon le communiqué du centre Léon-Bérard.

Leurs travaux ont porté sur 5 222 cas de cancer du sein (diagnostiqués entre 1990 et 2011), issus de la cohorte nationale E3N au suivi de 22 ans, qu'ils ont comparés au même nombre de cas indemnes.

Pour chaque polluant, des expositions moyennes et cumulées ont été estimées pour chaque femme, en tenant compte notamment des lieux d’habitation. « Il s’agit de la première étude analysant l’effet individuel de ces huit polluants sur le risque de cancer du sein avec une estimation des expositions à une échelle fine et tenant compte de l’histoire résidentielle des sujets sur 22 ans », lit-on.

Risque lié aux dioxydes d'azote, BaP et PCB

Une augmentation du risque de cancer du sein a été retrouvée en lien avec l'exposition au dioxyde d'azote. Déjà une méta-analyse parue en 2021 pointait la responsabilité de ce polluant, estimant qu'environ 1 700 cancers du sein chaque année en France pourraient être liés à son exposition. Les chercheurs de Lyon calculent qu'une augmentation de 10 µg/m3 d’exposition est associée à une augmentation statistiquement significative d’environ 9 % du risque de cancer du sein.

Un risque a aussi été mis en évidence pour deux perturbateurs endocriniens : le benzo[a]pyrène (une augmentation de 1,42 ng/m3 d’exposition au BaP est associée à une augmentation statistiquement significative du risque d’environ 15 %) et les polychlorobiphényles (une augmentation de 55 pg/m3 d’exposition aux PCB153 est associée à une augmentation statistiquement significative du risque d’environ 19 %). Ces résultats doivent donner lieu à une publication prochaine dans la revue « Environmental Pollution ».

Les chercheurs évoquent aussi, mais prudemment, un risque lié aux particules fines (une augmentation de 10 µg/m3 d’exposition aux PM10 est associée à augmentation à la limite de la significativité statistique d’environ 8 % ; la même augmentation pour les PM 2,5 est associée à augmentation à la limite de la significativité statistique d’environ 13 %).

Aucune association n'a été mise en évidence pour le cadmium et les dioxines, et les analyses sont en cours pour l'ozone.

Près de 10 % des cancers évitables grâce à une amélioration de l'air

Si l'exposition aux polluants des femmes suivies a diminué depuis 1990, ozone excepté, les niveaux d’exposition pour les dioxydes d’azote et les particules fines restent largement supérieurs aux recommandations sanitaires, observent les chercheurs.

Avec des niveaux d'exposition conformes aux seuils européens pour le dioxyde d'azote (40 µg/m3), « 1 % des cancers du sein de la population Xenair auraient pu être évités » et, avec des niveaux conformes aux recommandations de l'OMS (10 µg/m3), le chiffre atteint « près de 9 % », selon le communiqué.

* Et conduite par les membres de Gustave Roussy, de l'École Centrale de Lyon, de l'université de Leicester (Royaume-Uni), de l'Ineris et du centre Bordeaux Population Health

 

C.G. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr