Cancer du sein : l’étude qui pourrait clore le débat sur le dépistage organisé

Publié le 30/10/2012
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Crédit photo : S. TOUBON

La question du rapport bénéfice-risque du dépistage organisé du cancer du sein soulève bien des débats en France et dans les pays où ce type de dépistage a été mis en place. L’étude publiée aujourd’hui dans « The Lancet » pourrait aider à « mettre un point final à cette controverse », affirme la revue dans son éditorial. Un groupe d’experts indépendants a, à la demande de Mike Richards, directeur de l’Institut du cancer britannique, passé en revue une douzaine d’études européennes et américaines. À l’issue de leurs travaux – revue de la littérature et audition des spécialistes du cancer du sein – le panel d’experts conduit par le Pr Michael Marmot, conclut à une « une réduction de 20 % de la mortalité chez les femmes invitées à participer à un programme de dépistage organisé » par rapport aux femmes n’ont pas bénéficié de dépistage. Toutes les études incluses dans l’analyse reposent sur des données anciennes – au moins 20 ans – et un suivi sur au moins 13 ans.

1 300 décès évités

Transposé au programme britannique qui depuis 1998 invite les femmes de 50 à 70 ans à se faire dépister tous les 3 ans, cette réduction correspond à 1 décès par cancer du sein évité pour 180 femmes dépistées (1 décès évité pour 235 femmes invitées). Le programme britannique a « sans doute permis de sauver 1 300 décès liés au cancer du sein soit environ 22 000 années de vies sauvées », soulignent les auteurs.

Quant au pourcentage de surdiagnostic mesuré à partir de 3 études (une suédoise et deux canadiennes), les experts l’ont évalué à 19 % des cancers diagnostiqués dans la population des femmes invitées à se faire dépister et à 11 % des diagnostics sur le long terme. Pour résumer, le dépistage au Royaume-Uni de 10 000 femmes pendant vingt ans, permettrait le diagnostic de 681 cancers, dont 129 de surdiagnostic, alors que dans le même temps 43 décès par cancer du sein pourraient être évités (1 décès évité pour 3 cas de surdiagnostic).

Les experts estiment par ailleurs que les 307 000 femmes de 50-52 ans qui chaque année sont invitées pour la première fois à participer au dépistage, ont un risque de seulement 1 % d’avoir un surdiagnostic dans les 20 années que dure le programme.

Le dépistage « permet d’allonger les vies », concluent les experts, en soulignant que les « bénéfices l’emportent sur les inconvénients ». Et d’ajouter : « Pour chaque femme, le choix est clair. D’un côté, le dépistage entraîne une réduction de la mortalité par cancer du sein du fait du diagnostic et du traitement précoces. De l’autre, il existe un risque de 1 % d’être diagnostiqué et traité pour un cancer qui n’aurait jamais posé de problème s’il n’avait pas été dépisté ». Les femmes doivent avoir accès à ces derniers résultats « pour faire un choix en toute connaissance de cause », estime l’éditorial du « Lancet ».

Controverse française

En France, à l’occasion du lancement de l’opération Octobre rose, l’UFC-Que Choisir a réclamé le réexamen des données scientifiques, jugées contradictoires, sur l’intérêt du dépistage et sur les risques de surdiagnostic. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, répondant à cette requête, a promis d’accélérer la publication des travaux actuellement menés sur le sujet par l’Institut national du cancer tout en précisant que « personne ne met en cause la pertinence du dépistage » dans le débat scientifique en cours.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr