Des anti-PD1/PDL1 dans les cancers ORL ?

Par
Publié le 14/10/2022
Article réservé aux abonnés
L’immunothérapie (anti-PD1/PDL1) a été évaluée dans les cancers ORL, réputés de mauvais pronostic. Mais l’efficacité est-elle au rendez-vous ?
 L’espérance de vie à cinq ans est de 50 % avec la radio-chimiothérapie

L’espérance de vie à cinq ans est de 50 % avec la radio-chimiothérapie
Crédit photo : phanie

L'étude de phase III KEYNOTE-412 a comparé l’association pembrolizumab/radio-chimiothérapie (RCT) à la RCT seule, dans le cancer épidermoïde de la tête et du cou (CETC) localement avancé non résécable, en première ligne de traitement. Dans ses tumeurs, l’espérance de vie à cinq ans est de 50 % avec la RCT. Chez les 804 patients randomisés et suivis en moyenne pendant 47,7 mois, il a été observé une tendance favorable non significative sur la survie sans évènement (SSE : HR = 0,83, p = 0,0429), et aucune différence sur la survie globale (SG) à 24 mois. « Dans une analyse post-hoc chez les patients exprimant fortement le PD-L1, l’adjonction du pembrolizumab semble apporter un meilleur bénéfice, avec à 36 mois une SSE de 66,7 % versus 57,2 % (non significative), ce qui n’est pas suffisant pour promouvoir cette stratégie dans cette situation, quel que soit le statut PD-L1 », conclut Jean-Pascal Machiels (Belgique). 

Et en vie réelle ?

Le Pr Christophe Le Tourneau (Paris) présentait les résultats de l’étude prospective observationnelle ProNiHN, chez 500 patients atteints de CETC en rechute ou métastatiques, traités par le nivolumab après échec d’une thérapie à base de platine. Après un suivi médian de 20,7 mois, la survie sans progression (SSP) était de 3,2 mois et la SG de 9,1 mois. La SG était d’autant plus longue que les participants étaient en bon état général, et qu’il s’agissait de métastases et non de récidives locorégionales. La qualité de vie est restée stable sous traitement. 

Déception chez les HPV négatifs

L’essai de phase II ATHENA, présenté par le Dr Jérôme Fayette (Lyon) ne soutient pas la combinaison atezolizumab/bevacizumab dans la même situation que précédemment. Chez les 36 patients évaluables, le taux de réponse objective était de 3,6 % à 18 semaines et le taux de contrôle de la maladie de 17,9 %. Avec un suivi médian de 75 semaines, la SSP et la SG étaient en moyenne de 6,2 et 41 semaines. Les études devraient donc en rester là...

(1) Machiels JP et al. ESMO 2022, abstract LBA5
(2) Le Tourneau C et al. ESMO 2022, sbstract 695P
(3) Fayette J et al. ESMO 2022, abstract 676P

Dr Maia Bovard Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin