Feux de forêt : un risque majoré de cancer du poumon et du cerveau chez les personnes vivant à proximité, pointe une grande étude canadienne

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Publié le 10/05/2022
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Crédit photo : AFP

Les personnes habitant à proximité de lieux propices à des feux de forêt présentent un risque accru de cancer du poumon ou de tumeur cérébrale, selon des chercheurs canadiens. Leur étude, parue dans le « Lancet Planetary Health », a porté sur plus de deux millions de Canadiens sur une période de 20 ans.

Les feux de forêt, de plus en plus fréquents et étendus du fait du changement climatique, produisent un mélange complexe de nombreux polluants qui se retrouvent dans l'environnement et dont certains sont reconnus cancérigènes, comme les hydrocarbures et les métaux lourds. Cependant, le lien avec le risque de cancer demeure mal connu. C'est pourquoi les chercheurs de l'université McGill ont évalué l'association entre exposition aux feux de forêt et incidence de plusieurs cancers : cancer du poumon, cancer du cerveau, lymphome non hodgkinien, myélome multiple et leucémie.

Première grande étude de cohorte à évaluer ce lien

« Il n'y a pas d'autres études sur l'exposition à long terme aux incendies de forêt et sur l'incidence du cancer. Il s'agit de la première grande étude de cohorte à examiner cette question », souligne Scott Weichenthal, co-auteur.

L'étude s'appuie sur la cohorte Canadian Census Health and Environment, qui constitue un échantillon représentatif des adultes canadiens, suivis pour l'incidence du cancer et la mortalité de 1996 à 2015.

Les chercheurs ont montré que l'incidence du cancer du poumon et des tumeurs cérébrales était respectivement 4,9 % et 10 % plus élevée chez les personnes qui vivaient à moins de 50 km de feux de forêt au cours des 10 dernières années par rapport à celles vivant plus loin. Aucune association entre cancers hématologiques et feux de forêt n'a été mise en évidence dans l'étude.

Une exposition chronique aux effets sous-estimés

« Les feux de forêt ont tendance à se produire aux mêmes endroits chaque année et la fréquence et la gravité de ces événements augmentent, souligne Scott Weichenthal. Pour les personnes exposées de manière chronique à ces événements, ils pourraient représenter une source sous-estimée de polluants environnementaux contribuant au risque de cancer. »

D'autant plus que « l'exposition à des polluants environnementaux nocifs pourrait se poursuivre au-delà de la période de combustion active », s'inquiète-t-il. En effet, les feux de forêt peuvent contaminer de manière durable l'air, l'eau, mais aussi les environnements terrestres et intérieurs.

Les auteurs précisent « qu'un effet causal ne peut être établi à partir de cette seule étude » et que des travaux supplémentaires sont nécessaires pour affiner et confirmer ces résultats.


Source : lequotidiendumedecin.fr