Identifiée comme facteur de risque évitable dans une dizaine de cancers, l’obésité pourrait également avoir un lien avec la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS), état précancéreux connu du myélome multiple.
Dans une étude transversale parue dans Blood Advances le 11 janvier 2024, une équipe américaine s’est intéressée aux facteurs de risque de la gammapathie monoclonale de signification indéterminée (MGUS). Ce trouble plasmocytaire se caractérise par une production de protéines M. par des plasmocytes non tumoraux.
Un risque augmenté de 73 %
Ce sont 2 628 individus de la cohorte américaine multicentrique Promise qui ont été inclus dans l’étude. Ces derniers étaient recrutés, car à haut risque de développement d’un myélome multiple de par l’ethnie (noire ou africaine), ou l’histoire familiale de cancer du sang ou la prédisposition au myélome multiple. La concentration sérique de protéines M. a été mesurée par spectrométrie de masse, la MGUS étant alors caractérisée par une concentration sérique ≥ 0,2 g/l, et les facteurs de risque évalués par un questionnaire. Les mesures ont distingué plusieurs isotypes de MGUS : IgG (64 %), IgM (20 %) et IgA (16 %), et la concentration médiane était de 0,63 g/l. Au total, la prévalence de la MGUS dans la cohorte était de 9 %.
Les auteurs ont retrouvé une corrélation forte entre l’obésité (IMC < 30) et la MGUS (OR = 1,73), avec un risque 73 % plus élevé de MGUS comparé au poids normal (18,5 < IMC < 25). Une corrélation a également été objectivée entre la MGUS, et le tabagisme (> 30 paquets-années) et la durée de sommeil (< 6 h/jour) (respectivement OR = 2,19 et OR = 2,11). À l’inverse, une corrélation négative a été observée entre une activité physique importante (entre 45 et 60 min de course/jogging par jour) et la MGUS. Enfin, l’isotype IgM était prédominant (58 %).
Si son rôle dans le myélome multiple était déjà connu, l’obésité pourrait désormais rejoindre l’âge, le sexe, l’ethnie et l’histoire familiale comme facteur de risque de MGUS. Cependant, en dépit d’une corrélation forte, les auteurs évoquent des résultats statistiquement non significatifs, attendant des études longitudinales plus larges pour confirmer ce lien et une éventuelle causalité. Les mécanismes physiopathologiques impliqués seront également à explorer, ainsi que le rôle de l’obésité dans l’évolution de la MGUS en myélome multiple.
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