Plus de cancers du poumon chez les pauvres

La consommation de tabac n’expliquerait pas tout

Publié le 24/02/2009
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CES DERNIÈRES ANNÉES, plusieurs études ont montré qu’il y avait plus de cancers du poumon parmi les populations pauvres. De manière surprenante, une étude menée dans 10 pays européens vient de montrer que cette incidence n’était pas que la seule conséquence d’une plus forte consommation de tabac. D’après ce travail européen, le fait de davantage fumer ne serait en effet responsable que de 50 % des inégalités entre classes sociales face à la survenue d’un cancer du poumon. Les résultats ont été obtenus d’après l’analyse des données de plus de 390 000 sujets suivis pendant huit ans et demi. Étaient mesurés à l’aide de questionnaires le tabagisme (durée, quantité), la consommation de fruits et de légumes et le niveau d’éducation, choisi comme marqueur d’appartenance à une classe socio-économique.

La façon de fumer.

Le risque de cancer est apparu statistiquement plus élevé dans les classes socio-économiques défavorisées, et cela même après ajustement pour le tabagisme. Sans remettre en cause pour autant cette observation, les auteurs n’excluent pas une possible sous-estimation du rôle du tabac. Les questionnaires ne précisaient en effet ni la consommation passée des ex-fumeurs, ni le type de tabac (pipes, cigares, cigarettes avec ou sans filtre) ni la façon de fumer (intensité d’aspiration, vitesse) ni même l’exposition passive à la fumée d’autrui. Par ailleurs, des particularités sont apparues selon l’origine géographique. Il est ainsi apparu que les inégalités selon le niveau d’éducation étaient moins marquées dans l’Europe du sud, que dans les pays du Nord. Quant à la consommation de fruits et légumes, aucune conclusion n’a pu être tirée, car elle n’est pas corrélée au niveau d’éducation dans les pays d’Europe du sud. D’autres facteurs gagneraient aussi à être étudiés de plus près, tels que l’exposition professionnelle ou environnementale au radon et à d’autres toxiques, la pollution, l’activité physique et l’origine ethnique.

J Natl Cancer Inst, 2 009 ; 101 : 321-330.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr