Une enquête de l’Institut universitaire du Cancer de Toulouse

Le difficile retour à l’emploi après le Cancer

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Publié le 19/10/2017
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Crédit photo : PHANIE

Quelles pistes d’amélioration et quelles bonnes pratiques mettre en place pour concilier travail et cancer ? C’est l’objectif de cette première enquête inédite, réalisée par l’Institut Universitaire du Cancer de Toulouse qui soigne chaque année 10 000 nouveaux patients ; et en partenariat avec l’association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH).

Les résultats ont été dévoilés dans le cadre d’Octobre rose. D’un côté 5 817 entreprises de la région Occitanie ont été interrogées sur leur perception de la maladie cancéreuse au travail, 503 réponses ont été recueillies (soit un taux de réponse de 8,5 %). De l’autre, un questionnaire a été administré à 818 patientes issues des consultations de l’IUCT. L’hôpital dispose en effet d’une consultation après cancer dirigé par la cancérologue Dorra Kanoun.

Verdict ? Pour 51 % des entreprises, il est possible de maintenir une activité professionnelle pendant le traitement et pour 61 %, on peut même travailler comme avant quand on a eu un cancer. Cependant 71 % des entreprises interrogées disent aussi rencontrer des difficultés dans la gestion d’une situation de maintien ou retour au travail d’un salarié atteint d’une maladie chronique comme le cancer. Parmi les patientes, 77 % ont prévenu leur hiérarchie, 63 % leurs collègues et 85 % ont qualifié de « satisfaisant » le comportement de l’entourage professionnel à l’annonce de la maladie.

Fatigue, troubles cognitifs, perte de confiance

Au moment de la reprise cependant les choses se gâtent. En effet, 64 % des salariés reprennent une activité à temps partiel thérapeutique et 60 % trouvent que la durée de ce temps partiel est trop courte ; 70 % des malades perdent des revenus pendant l’arrêt maladie et 30 % indiquent avoir repris leur activité pour cette raison. Parmi les difficultés rencontrées à ce stade, elles énumèrent notamment la fatigue, des troubles cognitifs, une perte de confiance et de l’incompréhension… 65 % d’entre elles, notamment, indiquent ne pas avoir eu d’entretien de reprise avec leur employeur et 56 % le regrettent. « Maintenir le lien avec son employeur est fortement recommandé, estime le Dr Dorra Kanoun, se dire les choses et expliquer pourquoi pas le déroulement des traitements peut favoriser une meilleure compréhension. » De leur côté, les employeurs sont conscients que leur accompagnement n’est pas optimal, ils expriment un besoin de mieux connaître les incidences de la pathologie et de ses effets secondaires. Parmi les répondants, 97 % souhaiteraient ainsi bénéficier d’un dispositif d’accompagnement adapté. L’enquête est aussi l’occasion de faire remonter des bonnes pratiques de la part des patientes, telles qu’un entretien de ré-accueil, une adaptation du poste, une souplesse des horaires et une reprise progressive, pourquoi pas du télétravail… Avec ces résultats, les auteurs de l’enquête jettent un pavé dans la mare pour, espèrent-ils, faire bouger les choses. « Nous espérons que cela débouche sur des propositions venant des employeurs, des patients et qui pourraient être reportés auprès des organismes de tutelles », décrit le Dr Kanoun.

De notre correspondante Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin: 9611