Changement climatique et dépistage précoce

Les deux priorités du CPHG

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Publié le 28/04/2023
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Le Dr Hugues Morel, président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG), souligne la nécessité de se mobiliser face aux conséquences de la pollution sur les populations vulnérables et celle de développer la prévention et le dépistage précoce pour le cancer du poumon et la BPCO.
La fonction respiratoire soit être mesurée le plus tôt possible

La fonction respiratoire soit être mesurée le plus tôt possible
Crédit photo : BURGER/PHANIE

« Dans les mois et années à venir, deux grands thèmes vont nous mobiliser. Le premier est la pollution et le changement climatique [lire aussi p. XX]. Le deuxième est le développement de la médecine préventive et le dépistage de certaines pathologies, en particulier le cancer du poumon [lire aussi p. XX] et la BPCO », indique le Dr Hugues Morel (CH Orléans), président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG).

Le premier axe de mobilisation est plus que jamais d’actualité. Les pics de pollution, mais aussi les incendies de forêts de grande ampleur, ne sont plus limités à certains jours de l’année. « Ils sont de plus en plus fréquents et peuvent même survenir à des moments où ne s’y attend pas vraiment, constate le Dr Morel. Il faut mobiliser l’ensemble de la communauté pneumologique, afin que les conséquences de ces épisodes soient prises en compte, en particulier chez les patients ayant des pathologies respiratoires chroniques. »

Mieux cibler les patients à risque

« Nous avons été sollicités par la Cour des comptes pour participer à un groupe de travail. Il y a des nombreuses questions sur lesquelles nous devons nous positionner : comment identifier les populations vulnérables ? Quelle est la gradation à faire, face à un épisode de pollution, entre un asthmatique léger et une asthmatique sévère souvent hospitalisée ? Il y a des recommandations à élaborer. Peut-être faut-il prodiguer des conseils ciblés en fonction du profil des patients », explique le Dr Morel. Les trois composantes de la pneumologie, hospitaliers universitaires ou non et libéraux se penchent sur le sujet. « Cela se passe très bien entre nous », souligne le spécialiste, pour qui il est urgent d’agir face aux conséquences du changement climatique pour les patients notamment le plus fragiles.

Accessibilité des examens

L’autre grand défi est le développement de la médecine préventive et du dépistage. Le CPHG mène l’étude KBP tous les dix ans. Sur la période 2010-2020, on constate qu’il y a peu d’évolution dans le nombre de cancers localisés et curables diagnostiqués. « Sur les vingt dernières années, on est toujours autour de 20 %, rappelle le Dr Morel. Il faut absolument qu’on se mobilise, pour agir sur la prévention et les facteurs de risques, mais aussi pour dépister plus précocement un plus grand nombre de cancers, notamment ceux du poumon. » Plusieurs études internationales démontrent désormais le bénéfice d’un dépistage précoce sur la mortalité spécifique de ce cancer (lire aussi p. XX).

Mais la tâche n’est pas simple : « Il faut aller sensibiliser des patients qui, a priori, sont sains et ne sont pas forcément suivis par un pneumologue pour une autre raison. Comment développer ce dépistage dans les zones touchées par la désertification ? Et, si on trouve quelque chose, comment assurer aux patients vivant dans ces zones une prise en charge dans un délai raisonnable ? », s’interroge le président du CPHG.

C’est la même réflexion qui doit être menée pour la BPCO, où l’enjeu du dépistage précoce est là aussi majeur. « C’est une tâche qui doit mobiliser les pneumologues mais aussi d’autres spécialités, la cardiologie par exemple, en raison de nombreuses comorbidités cardiovasculaires chez les patients BPCO. Les endocrinologues ont aussi un rôle à jouer, ces patients pouvant aussi avoir un diabète non insulinodépendant. Enfin, la place du généraliste traitant est bien sûr centrale : c’est lui qui voit le patient et la famille. Le fer de lance de ce dépistage, c’est évidemment la mesure de la fonction respiratoire, qui doit être réalisée le plus tôt possible », souligne le Dr Morel.

Entretien avec le Dr Hugues Morel (CH Orléans), président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux

Antoine Dalat
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Source : Bilan Spécialiste