Les généralistes sont de plus en plus sollicités pour assurer la prise en charge des patients atteints de cancer (du fait de l’augmentation du nombre de cancer, mais aussi de la baisse de la mortalité). Mais des barrières existent, qui limitent l'optimisation de cette prise en charge : manque de formation des médecins, de transmission d’information de la part des hôpitaux ou des spécialistes dans les délais utiles… C’est ce qu’annonce la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) dans les résultats de son enquête réalisée entre décembre 2015 et mars 2016. Pourtant, les politiques publiques, et le dernier Plan Cancer au premier rang, font du médecin généraliste un pivot de la coordination des soins.
Des médecins concernés mais peu formés
En 2015, 55 % des médecins interrogés avaient rempli au moins 10 demandes de mise en ALD pour cancer (34 % entre 10 et 20 et 11 % plus de 20). Ces chiffres élevés sont en contradiction avec le manque de formation des médecins en question : 11 % seulement disent avoir suivi une formation diplômante en lien avec la cancérologie et 16 % sont membres d’un réseau de cancérologie ou de soins palliatifs. Pour les généralistes, c’est avant tout dans l’accompagnement de la fin de vie et le soutien psychologique du patient que leur rôle est très important. À l’autre bout du spectre, ils s’estiment moins pertinents dans l’aide à la réinsertion professionnelle et le soutien social du patient.
Pour s’informer : les confrères spécialistes en premier
L’enquête s’est aussi penchée sur les sources d’information pour les généralistes sur le cancer : ils citent en premier leurs confrères spécialistes (à 92 %), avant les revues médicales nationales (84 %), les guides de bonnes pratiques de la Haute Autorité de santé (57 %) et les référentiels nationaux de cancérologie (54 %).
Améliorer les échanges ville-hôpital
Les généralistes sont seulement 10 % à participer à des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP). Et les échanges d’information ne se font pas toujours très bien, ou pas d’une manière adaptée à la pratique de ville. Si pour la majorité des généralistes, les consignes reçues sont claires, elles ne correspondent pas toujours à leurs besoins et, surtout, n’arrivent que rarement dans les temps. Ainsi, moins d’un médecin sur cinq reçoit systématiquement l’information sur les effets secondaires attendus des traitements et plus d’un tiers ne sont jamais sollicités sur la faisabilité du retour ou du maintien à domicile.
Concernant la consultation intervenue au moment ou dans les suites de l’annonce de la maladie, 11 % des médecins signalent n’avoir eu alors aucun document à leur disposition, de la part de l’hôpital. Et seulement 31 % disposaient d’une information complète. Assez logiquement, dans la moitié des cas, quand les patients demandaient des explications sur leur traitement, les médecins ont dû déclarer n’avoir pas les informations nécessaires.
Les conséquences sur la prise en charge existent. Ainsi, face à un cas clinique (inventé) d’une patiente fiévreuse (39 °C) avec signes de gravité, 10 jours après une chimiothérapie, 6 % adressent directement la patiente aux urgences (du fait des difficultés à joindre le service d’oncologie). Une perte de chance pour la patiente immunodéprimée chez qui le risque d’infection est élevé.
Quant aux difficultés ressenties par les généralistes pour accompagner les patients en fin de vie, gérer les effets indésirables des traitements et prendre en charge les séquelles du cancer, elles augmentent avec l’insatisfaction par rapport aux consignes reçues de l’hôpital.
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points
Deux poids, deux mesures ? La fin des négos ravive les tensions entre spécialistes et généralistes
Déconventionnement : la colère enfle sur l’île de beauté
C’est quoi ta spé ? – Épisode 01
[VIDÉO] « La bobologie c’est super ! » : Mirana, interne en médecine générale, livre son expérience et ses conseils